C’est comme si la lumière de l’automne atténuait un peu la catastrophe. Le long des collines qui enferment le hameau du Val de Gilly, dans le Var, le branchage des arbres tire vers l’ocre. On croirait leurs feuilles prêtes à tomber. Pourtant, ni les pins maritimes ni les chênes-lièges ne les perdent en hiver, la couleur orangée fait illusion : il s’agit simplement d’arbres morts, grillés. D’autres sont noirs comme le charbon et ne laissent plus aucun doute. Leur sève s’est évaporée en une seule nuit, ils ressemblent à des squelettes de cendres. Au fond du hameau, là où la route s’arrête, une boîte aux lettres à demi calcinée déborde de courrier. Elle porte le nom de l’une des deux personnes décédées dans l’incendie qui a ravagé le massif des Maures cet été.

Plus de 7 000 hectares partis en fumée, 1 200 pompiers engagés sur le terrain, 10 000 personnes évacuées… le feu, parti des abords d’une aire d’autoroute à Gonfaron le 16 août vers 18 heures, a été le plus important de l’été en France. L’équivalent de la superficie d’une ville comme Nice est parti en fumée, près des trois quarts de la surface brûlée chaque année en France, qui s’élève en moyenne à 11 000 hectares 1.
« Ici, les incendies, on connaît. » De l’autre côté de la rivière qui borde le hameau du Val...