Engagement militant

Lamya Essemlali : lettre à ma jeune âme révoltée

Illustration : Ben O'Neil

Dans notre époque où les désastres écologiques s’accumulent, s’engager dans l’action directe devient une nécessité. Politique, d’abord, mais aussi intime : en choisissant de se vouer à la défense des océans, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, a voulu donner un sens à sa vie. Avec cette lettre, initialement publiée dans notre édition Bascules à l’automne, elle s’adresse à la jeune femme de 20 ans qu'elle fut, mais aussi à tous les hésitants, jeunes comme moins jeunes, pour montrer que la voie de l’engagement est aussi celle de l’épanouissement.

Écoute-moi avec attention. Je te connais, je sais d’où tu viens. Je sais ce qui t’a manqué, je sais ce qui t’a sauvé. Je connais tes peurs, mais je sais aussi d’où vient ta force. Je suis toi dans 20 ans et c’est à ce moment précis où tu es traversée par le doute, à ce moment où une paresse de vivre te submerge, que je t’écris. L’enfance et son champ infini des possibles sont derrière et l’heure des choix est venue. L’avenir se rétrécit devant toi ou du moins le crois-tu, alors il est important que tu m’écoutes. « L’heure des choix », car il y en a plusieurs, est aussi l’heure des renoncements.

Retrouvez cette lettre dans notre hors-série L'Écologie ou la mort avec Camille Étienne, rédactrice en chef invitée. Disponible sur notre boutique

Réfléchis bien à ces choix et prends garde à ce à quoi tu renonces. Mais n’y renonce pas trop vite car, crois-moi, contrairement aux apparences, l’étendue des possibles qui s’offre à toi demeure aussi vaste que l’océan. Voilà qui devrait te rassurer, voilà qui devrait calmer un peu cette nausée qui te gagne. Plus violente qu’un mal de mer un jour de tempête, tes boyaux se tordent, ton souffle se coupe sur cette autoroute qui clignote au Salon de l’étudiant, cette autoroute qui file droit « vers les filières qui recrutent ».

Rassure-toi, ton mal-être n’est pas le signe que tu es malade. Il est ta chance. Cette nausée est bien trop forte, tu ne peux pas t’endormir sur cette route comme tant d’autres, recrutés pour construire ce monde qu’ils croient être le seul possible. Tu n’es pas un soldat de ce monde-là. Tu es l’architecte d’un autre monde et tu n’es pas seule. Seulement, tu ne le sais pas encore. Oublie donc ce Salon de l’étudiant : ce que tu es venue y chercher n’y est pas. N’attends pas des autres qu’ils te disent qui tu es. Ne donne jamais un tel pouvoir à quiconque. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, tu es et tu deviens ce que tu fais. Façonne ta vie de manière à éviter la dissonance profonde dans laquelle sont piégés tous les endormis ; trouve ton chemin mais ne t’attends pas à des panneaux de signalisation – il y en a rarement pour guider ceux qui sortent des sentiers battus. Certains qui t’ont précédée laisseront quelques galets de lumière pour t’aider à quitter l’autoroute éclairée vers l’obscurité de l’inconnu, comme cette lettre le fera peut-être pour d’autres, je l’espère.

Ces galets de lumière sont précieux ; ce sont des gens, des histoires, des paysages, des musiques, des animaux… Prêtes-y attention, ils te donneront du souffle quand tu en manqueras. Mais ce sont bien tes pas et eux seuls qui créeront ta route. Ta meilleure boussole sera ton ressenti, apprends à l’écouter comme tu savais le faire enfant. Retrouve ça en toi. Et si tu veux un indice sur la route à suivre, fais un bond dans le temps et imagine-toi déjà au crépuscule de ta vie. Il arrivera plus vite que tu ne l’imagines. Demande-toi alors quels pourraient être tes regrets, goûte à l’amertume de ce que tu aurais voulu faire autrement, à la morsure cuisante du regret. Maintenant, reviens au présent et mesure ta chance : tu as encore le temps.

On n’entre pas dans un monde meilleur sans effraction

Contrairement aux promesses limitantes de « la société » qui distillent à ton inconscient que ta vie ne t’appartient pas et que tes choix se résument à ceux que l’on veut bien t’offrir, l’étendue de tes possibles est en réalité infinie et dépasse tout ce que tu peux imaginer. Crois-moi sur parole. Mais ta liberté de choisir découle de ta conscience d’avoir le choix. Il faut dire que dans cette banlieue parisienne difficile où tu as grandi – un de ces fameux « territoires perdus de la République » comme les appellent certains politiques – l’étendue des possibles se heurte assez vite aux tours de béton qui enclavent et écrasent, surtout quand on n’a connu que cela et qu’on y a fait ses premiers pas. C’est rude, aussi dur que le béton. La loi du plus fort règne et ça ne laisse pas de place à l’apitoiement. « Marche ou crève », voilà une devise qui, pour le meilleur et pour le pire, y est la normalité.

Les jeunes de banlieue sont des « sauvages » disent certains. Si seulement c’était vrai… Quelle part de sauvage, au sens libre et naturel du terme, peut-il rester dans des univers dont l’architecture tient du milieu carcéral ? Les frontières invisibles de certaines banlieues dans lesquelles tant d’enfants apprennent à marcher paraissent aussi infranchissables que les murs d’une prison. Si les corps sont libres en apparence, les esprits sont captifs, parfois longtemps après avoir quitté les lieux. Mais il en ressort aussi des cœurs vaillants, des combattants élevés à la dure, avec une volonté décuplée par la quête d’une liberté qui a tant manqué et par une intolérance profonde pour l’injustice. On s’extirpe des tours de béton comme on fait sauter les verrous de son imaginaire et, à la manière d’un barrage qui lâche, on s’élance dans la vie tel un torrent dont le flux a été retenu trop longtemps. Mais encore faut-il savoir qu’au-delà des tours, il y a le monde : ce n’est pas si simple. Il n’y a pas de prison plus efficace que celle qui n’a pas de verrous, comme il n’y a pas de pire ennemi de la liberté que l’illusion de liberté.

Cette prison mentale qui casse notre boussole intérieure peut revêtir l’aspect d’un quartier-dortoir sans vie, mais elle peut avoir bien d’autres formes qui parfois se cumulent : des parents ou un enseignant castrateurs, des limitations héritées d’un passé plus ou moins lointain, conscient ou inconscient, individuel ou familial… Quoiqu’il en soit, il faut le déceler pour s’en affranchir et avoir une chance de trouver la voie qui est la sienne. Tu ne le sais pas encore, mais tu vas réussir à faire tout cela. Avec le recul, le meilleur entraînement possible au chemin barré d’obstacles que tu as choisi est d’avoir dû gagner cette liberté. Et, finalement, ces points de bascule, ces tournants décisifs du destin, tu sauras les prendre. Cela te surprend peut-être, mais cela s’explique.

Ce que tu crois être une paresse de vivre est simplement un refus de t’enfermer dans une vie qui n’est pas la tienne. Cette peur va se concrétiser encore davantage et tu finiras par la ressentir comme plus angoissante que la mort. À partir de là, tu n’auras guère d’autre choix que de faire le grand saut. Repartir à zéro, changer de voie, faire ce que tu pensais être impossible. Tu reprends tes études à 24 ans pour faire des sciences, toi la littéraire, et tu iras au bout de ton cursus. Les gens te diront que tu es bien courageuse, mais le courage n’a rien à voir là-dedans. Ils n’ont pas compris que tu ne fais que fuir la mort, que tout ça n’est pas du courage, juste l’instinct de survie. Ils n’ont pas compris que la première façon de mourir est la peur de vivre. Et le seul courage que tu auras, si courage il y a, sera simplement celui de vivre. Tu le découvriras en t’engageant dans le combat qui sera le tien, la vie n’aura jamais autant de valeur à tes yeux que lorsque tu auras trouvé une cause pour laquelle tu seras prête à la risquer. Pour toi, ce sera l’océan.

Femme libre, toujours tu chériras la mer

Tu n’imaginais pas, lorsque tu as rencontré l’océan au Maroc, qu’il sauverait ton âme et que tu lui dédierais ta vie. Tu ne savais d’ailleurs pas que c’était possible de dédier sa vie à l’océan. C’est étrange, quand tu y penses. C’est comme s’il était venu te chercher, l’océan. Que t’a-t-il dit, en fait ? « Regarde-moi, enfant. Regarde-moi et souviens-toi. Tu es triste dans ta banlieue en France, tu es déracinée. Tu rêves de Maroc, tu rêves de moi… Quand tu retourneras là-bas, ne pleure pas et pense à moi, je suis loin de toi mais je suis en toi, je suis plus fort que toi, je suis ta force.

Ce que tu connais là-bas, ce n’est pas toi. Ne m’oublie pas. Reviens-moi, ici ou là-bas. Je suis là. » Formulé ainsi, cela ne voulait pas dire grand-chose. Mais tout est dit. Tu l’as revu ici et là-bas, et tu le verras encore ailleurs : océans Atlantique, Pacifique, Indien, Antarctique. Tu le verras partout, aux quatre coins du monde. Cela te paraît fou ce que je te raconte, tant tu sembles à des années-lumière de là ! Et pourtant, cesse de rêver de liberté car la réalité ira bien plus loin que tout ce que tu peux oser imaginer. Ne demande pas pourquoi, ni comment. Ne cherche pas à prédire : tout arrivera sans calcul. L’océan t’a seulement dit « reviens-moi », et je peux t’assurer que tu t’en souviendras – et ça suffira. C’est tout ce que tu as besoin de savoir. Des rencontres qui te sembleront être le fruit du hasard seront en fait des rendez-vous, et tes choix feront le reste. Car tout concordera pour que tu lui reviennes.

Tu verras comme les choses se mettent en place sans que l’on y pense, sans que l’on cherche à calculer sa trajectoire et même précisément parce qu’on ne calcule pas. D’où je me tiens vingt ans plus tard, j’observe ton parcours et je me dis qu’on pourrait croire que l’univers a tiré les ficelles. N’essaye pas d’imaginer ce qui t’attend, ton mental est trop limité, son logiciel est formaté ; il te fermera bien plus de voies qu’il ne saura t’en ouvrir. Affranchis-toi de lui et laisse-toi guider, la vie fera le reste. Un dicton dit que « le hasard, c’est Dieu qui voyage incognito ».

Dieu, l’univers ou une énergie cosmique… Mystique ou pas, en n’écoutant que ton instinct et en restant sourde à la petite musique qui berce les foules, tu permettras à ce « hasard » de composer pour toi une partition au diapason avec ton âme. Cette partition céleste sera composée de multiples mélodies dont l’une des plus importantes sera l’ONG Sea Shepherd : un outil au service de l’océan. Un outil que tu contribueras à façonner et qui te façonnera aussi. Avec Sea Shepherd, tu seras amenée à expérimenter les notions d’engagement, de violence, de passion, de colère, de courage, d’amour aussi.

Ma vie pour celle d’une baleine

« La vie prend tout son sens quand on a trouvé une cause pour laquelle on est prêt à la risquer », a-t-on l’habitude de dire chez Sea Shepherd. Dans quelques années, Paul Watson, fondateur de l’ONG de défense des océans, te demandera si tu es prête à risquer ta vie pour celle d’une baleine. Je sais que même à cet instant précis où tu te sens perdue, des années avant cette question décisive, tu as déjà la réponse et tu n’as pourtant jamais vu de baleine. Vingt ans plus tard, cette réponse restera inchangée, ce sera toujours la même évidence. Les baleines, c’est l’océan. Et l’océan est en train de mourir. Tu n’en as pas encore conscience, mais tu vas le réaliser bientôt et cela va t’inciter à prendre un tournant décisif. Ta rencontre avec Paul va changer ta vie.

D’abord parce qu’en menant sa vie de manière libre et impertinente, en s’affranchissant des convenances, il va te montrer par l’exemple que rien n’est impossible : « Si d’autres l’ont fait, alors toi aussi tu peux le faire. » Ensuite, parce que malgré vos horizons très différents, vous regardez dans la même direction et votre cœur bat pour la même chose : la passion du vivant, à commencer par celui qui existe dans l’océan. Votre passion n’est pas seulement contemplative. Il s’agit d’une passion révoltée, d’une colère créatrice.

Paul répondra un jour à quelqu’un qui lui reprochait d’être en colère : « Il faut être stupide pour ne pas être en colère. Regardez autour de vous : nous sommes en train de détruire cette planète. Nous nous comportons comme une bande de primates arrogants et désaxés. Non contents de courir à notre propre perte, nous détruisons la vie autour de nous. Il faut être stupide ou inconscient pour ne pas être en colère face à notre bêtise et notre cruauté. » Paul sera la première personne ressentant la même chose que toi pour une cause que ton entourage a toujours considérée avec indifférence. Il sera le premier membre de ta seconde famille.

Certains vous considéreront comme « violents ». Il faut dire que Sea Shepherd est une sorte d’ovni, une ONG qui a coulé des baleiniers, éperonné des navires illégaux, confisqué des milliers de filets de pêche… Sans jamais blesser personne, bien sûr. Mais s’attaquer à un harpon, même illégal, est considéré par certains – y compris dans le milieu « écologiste » – comme un acte violent. C’est exactement ce qui va te plaire. Tu connais la violence, tu as grandi avec.

La violence physique des quartiers difficiles, entre jeunes qui ne s’épargnent rien, la violence d’une éducation à la dure, la violence d’une société qui exige de toi que tu renonces à ce que tu es, la violence de professeurs qui te disent que même en jouant selon les règles, tu n’es pas vraiment française et que tu n’auras donc jamais ta place. Mais aussi la violence qu’on inflige au vivant, comme aux plus faibles d’entre nous. Et la plus vile de toutes : la violence de l’apathie, cette indifférence de ceux qui, endormis par le superflu, laissent mourir l’essentiel. « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par tous ceux qui les laissent faire », disait Albert Einstein. Parce que tu connais la violence, tu sais donc la reconnaître et, surtout, tu sais ne pas la confondre avec ce qui est indispensable pour changer le monde : la combativité. Il t’en faudra. De tous temps, tous les changements significatifs vers plus de justice et d’équité se sont arrachés au prix d’un lourd combat. Il n’en sera pas autrement pour l’océan.

L’activisme est le loyer que je paye pour le privilège d’habiter cette planète

Tu es humaine. Tu appartiens donc à l’espèce la plus destructrice de l’histoire de cette planète. Vaniteux et inconscients, nous nous sommes pourtant autoqualifiés « Homo sapiens ». Mais nous sommes loin d’être sages : nous sommes au contraire une espèce désaxée, perdue, en guerre avec le vivant et avec elle-même. Depuis que tu es née, il y a une quarantaine d’années, l’humanité a exterminé 60 % des animaux sauvages de cette planète. Sur les cinquante dernières années, 70 % des oiseaux marins ont été tués par des engins de pêche, jusqu’à 90 % des populations de dauphins dans certaines régions du globe et 90 % des grands poissons à l’échelle mondiale ont été pêchés. Ces chiffres montrent l’ampleur du cataclysme actuel.

Lis les anciens récits des marins et tu apprendras qu’il y a quelques siècles les marsouins remontaient la Seine, et que les bateaux devaient s’arrêter plusieurs jours pour laisser passer les baleines au large des côtes françaises. Aujourd’hui, quand une baleine s’approche d’un port, la presse locale s’en fait l’écho comme d’un phénomène exceptionnel. L’océan, la planète, ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et le mouvement écologiste avance toujours sur la pointe des pieds pour ne surtout pas paraître « moralisateur » et ne pas « culpabiliser » les gens. Ne surtout pas déranger, ne pas braquer les donateurs ou les électeurs… Et pourtant, ce dont nous avons collectivement besoin, c’est d’une énorme claque qui nous remette les idées en place. On ne réveille pas quelqu’un de profondément endormi en lui soufflant gentiment sur les cheveux. Cette claque commence par le fait de regarder la réalité en face.

Il est vrai que l’humanité a inventé la roue, a construit des cathédrales magnifiques, composé des symphonies sublimes, créé Internet. Mais dans quelques milliers d’années, soit un battement de cils à l’échelle des temps géologiques, tout cela aura disparu. En revanche, le carnage dont nous sommes tous responsables, à divers degrés, laissera des cicatrices profondes pendant plusieurs millions d’années. Regarder la réalité en face, c’est donc prendre conscience que, collectivement, nous sommes la plus grande force de destruction du vivant que cette planète ait jamais connue. Pour la première fois depuis que la vie est apparue sur Terre, une espèce a provoqué une crise d’extinction massive, la sixième, la plus fulgurante de toutes.

C’est là notre principale contribution, c’est là notre triste héritage. Ta génération est à part, parce qu’elle vit à un moment charnière de l’histoire humaine. Le sablier arrive à son terme : nous atteignons les limites planétaires et sommes au point de bascule qui va déterminer notre destin collectif. Au fil des siècles, notre « ardoise karmique » envers le reste du vivant n’a fait que s’alourdir. Nous avons détruit tant d’écosystèmes et exterminé ou réduit en esclavage tant d’autres espèces, à qui nous avons tout volé : leurs habitats naturels, leur nourriture, leur liberté, leurs enfants, leur chair. Nous régnons sur Terre tels des tyrans capricieux, sacrifions leurs besoins essentiels pour nos désirs superflus et jamais rassasiés.

En tant qu’humaine, tu ressens déjà ce dégoût dans ta chair, et ta conscience va se développer jusqu’à ce que tu te sentes redevable d’une énorme dette envers cette planète. Loin d’être abattue, tu vas en tirer une grande force, une puissance et une énergie créatrice, t’engager te donnera une joie profonde qui t’empêchera de sombrer face à ce constat implacable. Se sentir responsable n’est pas se sentir coupable. Mais ne pas fuir cette responsabilité est essentiel car elle nous rattrape toujours, sous diverses formes, sans que nous sachions identifier pourquoi nous ressentons ce mal de vivre, sans comprendre que parce que nous faisons partie du continuum de la vie, nous ne pouvons pas la détruire sans mourir chaque jour avec elle.

Nous ne trouverons jamais la paix intérieure et collective si nous ne sommes pas en paix avec la planète. Aucune de nos inventions, aucun de nos biens de consommation, aucun de nos antidépresseurs ne nous sauvera car, comme le disait Romain Gary, « dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’homme ». Tu n’as pas reçu cette lettre quand tu avais 20 ans mais tu as su trouver ta place. Cette lettre est une bouteille à la mer à destination d’autres que toi. Et si elle peut aider un peu, ne serait-ce qu’une personne, à trouver son chemin à travers le continuum de la vie, j’en serais heureuse.


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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
La crise écologique, un héritage colonial ?
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