En quoi vos années d’enquête sur l’industrie agroalimentaire bretonne ont-elles modifié votre pratique du journalisme ?
Quand j’ai commencé à vouloir traiter ce sujet en 2014, aucune rédaction n’était intéressée. J’ai fini par me rendre là-bas par mes propres moyens. C’est seulement une fois sur place, que Radio France m’a rappelée pour me proposer de faire une série d’émissions, le Journal breton, pour France Culture. Partir vivre en immersion là-bas, dans une zone rurale où il n’y a pas un journaliste d’investigation à la ronde, ça a été un déplacement géographique mais aussi psychologique. Je me suis retrouvée à enquêter au milieu de ceux qui étaient devenus mes voisins, mes auditeurs, et mes témoins, immergée là où ils vivent. Pour ce journal, j’étais tellement loin de ma rédaction que son avis m’importait beaucoup moins que lorsque je vivais à Paris et que j’allais au bureau tous les jours.
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Ce qui comptait, c’était le retour des personnes : j’avais pour ambition que ça leur parle et que ça leur soit utile. Au fur et à mesure, elles se sont révélées d’une exigence que je ne...