Marine, 34 ans
« Un état qui te hante en permanence »
Sensible depuis toujours à la nature et élevée à la campagne, Marine est de ceux qui ont « lu les rapports du Giec il y a quinze ans ». Elle a choisi d’en faire son métier. Depuis dix ans, elle occupe des postes croisant aide au développement et environnement, ce qui l’a conduite à vivre en Afrique, aux États-Unis, au Mexique et en Inde. Mais aussi à changer de boulot, souvent. Public, privé, ONG : cette rotation est « symptomatique de [s]on anxiété ». Marine, angoissée « par anticipation » depuis toujours mais éco-anxieuse depuis une poignée d’années (ce qu’elle définit d’abord comme un « état de lucidité »), est traversée par un « sentiment d’inutilité ». Elle ne supporte plus le décalage qu’elle ressent avec certains collègues. « J’ai bossé dans un bureau d’études où certains étaient juste excités d’aller voir des gorilles au Congo alors que c’était parfois pour justifier des projets qui allaient détruire leur habitat. » La jeune femme aboutit à une situation paradoxale : « Je ressens une perte de sens dans un boulot censé en avoir. »
Article issu de notre numéro « Êtes-vous éco-anxieux ? », disponible en kiosques,...