Gulê revient fatiguée ce soir. Un peu découragée aussi, après avoir sillonné sa ville, Amudê, en ce mois pluvieux de décembre. Elle se laisse tomber sur le tapis du salon sommaire, qui fait aussi office de chambre commune à sa famille de cinq personnes. Sur le mur, quelques symboles religieux, un calendrier d’un journal partisan qui affiche des photographies des Yekîneyên Parastina Jin (YPJ), les bataillons d’autodéfense des femmes. À côté, une toute petite cuisine complète l’habitat. La famille n’est pas riche – cela se voit aussi sur les coussins élimés. Depuis deux ans, Gulê travaille à la coordination du Kongreya Star d’Amudê, la section locale du mouvement qui organise les femmes dans toutes les zones à majorité kurde sous le contrôle de l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (Aanes). Sur tout le territoire est appliqué le paradigme de la nation démocratique – et son système, le confédéralisme démocratique –, qui permet l’auto-organisation de chaque communauté et groupe social en fonction de ses besoins.
Retrouvez ce reportage dans notre hors-série « Comment nous pourrions vivre » avec Corinne Morel Darleux, rédactrice en chef invitée. Disponible en kiosques jusqu'en septembre, et sur notre boutique !
