Pour un communisme du luxe

« J’aurais trouvé plus amusant que la RATP supprime la seconde classe pour mettre tout le monde en première. » C’est là la promesse du communisme du luxe : que chacun puisse accéder aux choses belles et bien faites.
« J’aurais trouvé plus amusant que la RATP supprime la seconde classe pour mettre tout le monde en première. » C’est là la promesse du communisme du luxe : que chacun puisse accéder aux choses belles et bien faites.
Qu’on songe un instant à abolir le luxe, et voilà qu’inévitablement ressurgissent les spectres de la société sans classes et du soviétisme, traînant derrière eux leurs images blafardes – grands ensembles bétonnés, rutabagas, pulls qui grattent, kitch d’État et tord-boyaux. Lorsqu’en 1991, les premières classes du métro parisien sont supprimées, le journaliste Marcel Trillat ironise : « Dorénavant les fesses de concierge sont traitées avec les mêmes égards que celles drapées dans un tailleur Chanel [...]. Bref, l’horreur de l’uniformité démocratique », tandis qu’un voyageur qui patiente sur le quai de la station Passy, dans le 16e arrondissement, s’indigne que les nantis puissent être privés de leur possibilité de se distinguer : « C’est une socialisation à outrance, on aplatit la société, on la nivelle par le bas ! » Une usagère intervient alors pour faire une proposition révolutionnaire : « J’aurais trouvé plus amusant que la RATP supprime la seconde classe pour mettre tout le monde en première. » C’est là la promesse du communisme du luxe : que chacun puisse accéder aux choses belles et bien faites.
Article à retrouver dans notre numéro « Manger les riches ? », en kiosque...
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