Chroniques

Chronique : La beauté, un sentiment naturel

Histoire naturelle de l’esthétique, Lorenzo Bartalesi, traduit de l’italien par Sophie Burdet, CNRS Éditions, 6 mai 2021, 304 pages, 24 €.

Le sens de l’esthétique serait le signe de la supériorité humaine. C’est du moins ce qu’ont affirmé tant de philosophes, Kant le premier. Mais ce postulat anthropocentré ignore de nombreux phénomènes, comme les parures d’oiseaux : ces attributs, qui ne répondent à aucune fonction évidente de survie, supposent bel et bien une capacité à apprécier le beau chez certains animaux. Ce mystère a obsédé Charles Darwin, qui y consacre plusieurs pages dans La Descendance de l’homme et la Sélection sexuelle (1871), lançant un débat qui perdure jusqu’à aujourd’hui, et que restitue cet essai rigoureux et passionnant de Lorenzo Bartalesi. En partant de Darwin, qui considère que la beauté résulte de l’évolution naturelle en offrant un avantage en vue de la compétition sexuelle, ce docteur en philosophie et professeur à l’École normale supérieure de Pise nous emmène jusqu’aux théories contemporaines, de la psychologie évolutionniste à l’esthétique environnementale évolutionniste, qui déplace le sens de la beauté du terrain sexuel à celui de la sélection de l’habitat. Peu à peu, on reconsidère l’évidence : pourquoi est-on saisi devant la beauté d’un crépuscule ? Peut-être parce qu’il joue le rôle, comme les étoiles, de « structure de référence sur laquelle se régulent nos mécanismes perceptifs  », suggère Lorenzo Bartalesi. Qui souligne que, de cette beauté naturelle à l’art, il n’y a pas de rupture, mais un chemin qui pose la question fondamentale : quand sommes-nous devenus humains ?

Histoire naturelle  de l’esthétique,  Lorenzo Bartalesi,  traduit de l’italien  par Sophie Burdet,  CNRS Éditions, 6 mai 2021,  304 pages, 24 €.

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