Où ralentir ?

4 pistes pour voyager autrement

Le coronavirus a clairement chamboulé les projets de vacances des Français. Si partir à l’autre bout du monde n’est pas à l’ordre du jour, rester cloîtré chez soi n’est plus une obligation. Un juste milieu est donc possible et, heureusement, les alternatives aux destinations exotiques ne manquent pas. Et si la pandémie nous poussait à expérimenter dès cet été d’autres manières de prendre nos vacances ?

Le tourisme de proximité : une façon d’ouvrir les yeux sur son environnement proche

Depuis le début de la crise, les appels à voyager « local et patriotique » pour sauver l’industrie touristique française se multiplient. Et, de toute façon, que les restrictions de déplacement soient maintenues ou non, l’horizon des possibles restera limité aux frontières de nos régions pour nombre d’entre nous. L’occasion peut-être de s’inspirer de la démarche du Britannique Iain Sinclair ? Né au pays de Galles en 1943, il déménage à Londres à l’âge de 18 ans. Depuis, il arpente inlassablement la métropole anglaise à pied et la raconte. Que ce soit dans des essais, des romans ou des poèmes, il décrypte l’architecture et l’histoire de cette ville et en observe les transformations. En 2002, il publie London Orbital (Granta Books) où il relate une aventure urbaine atypique : l’exploration à pied des 188 kilomètres du périphérique londonien. On y découvre des endroits aussi différents que des banlieues-dortoirs, des usines, un asile psychiatrique, des terrains de golf et des zones résidentielles huppées. Qui a dit qu’il fallait partir à l’autre bout du monde pour faire des découvertes ? Des monuments, des quartiers entiers de notre ville nous sont souvent inconnus – sans parler de nos voisins… Il suffit donc parfois de peu de choses pour avoir l’impression de voyager loin de son quotidien.

Cyclotourisme : quand le trajet compte plus que la destination

Si la pratique du cyclotourisme remonte presque à l’invention de la bicyclette, cette itinérance douce a été remise au goût du jour avec l’envie d’exercer des activités plus respectueuses de l’environnement. En 2018, 2,7 millions de bicyclettes ont été vendues dans l’Hexagone. Et selon une étude parue la même année (2), 59 % des Français déclarent pratiquer le vélo. Parmi eux, 89 % l’utilisent pour des randonnées ou des balades. L’engouement est tel que l’État a fondé en 2011 l’association France vélo tourisme. Réunissant acteurs privés et publics, elle fait la promotion des grands itinéraires de randonnée vélo, comme La Loire à Vélo ou La Vélodyssée qui longe la côte atlantique. Elle a également créé la marque Accueil Vélo qui « garantit un accueil et des services de qualité » le long des itinéraires cyclables. Un Accueil Vélo peut aussi bien être un hébergement qu’un réparateur de bicyclettes, un site de visite et de loisirs, un lieu de restauration... avec des équipements adaptés aux vélos. Si les paysages français ne suffisent pas à combler vos besoins d’évasion, sachez qu’il existe également le réseau EuroVelo : 16 véloroutes européennes qui totalisent 90 000 kilomètres.

Les vacances à la ferme

Pour le citadin en quête de dépaysement, le wwoofing est une solution idéale. Ce terme, apparu en Grande-Bretagne dans les années 1970, est l’acronyme d’une association, World-Wide Opportunities on Organic Farms. Ce réseau mondial de fermes biologiques offre un principe simple aux vacanciers : travailler la terre contre le gîte et le couvert. Le système est très prisé des jeunes globe-trotters pour son aspect économique, mais aussi parce qu’il présente l’avantage de pouvoir découvrir un pays ou un métier auprès des locaux. On peut également le pratiquer dans l’Hexagone où 1 800 hôtes – réunis sur le site de l’association (wwoof.fr) – accueillent volontiers les bénévoles. Pour ceux qui préfèrent le bricolage au labourage, il existe des systèmes similaires, comme le réseau Twiza, qui met en relation des professionnels et des volontaires désireux de s’initier à l’éco-construction. Enfin, si vous ressentez l’appel de la campagne mais que les vacances actives sont pour vous un oxymore, vous pouvez vous tourner vers Accueil Paysan, un réseau d’acteurs ruraux qui pratiquent l’accueil en chambre d’hôtes, gîte ou camping. En associant agriculture paysanne et tourisme durable, ce réseau aide les paysans à vivre décemment de leur activité. Une solidarité d’autant plus pertinente pour traverser la crise sanitaire actuelle. 

Passez à la microaventure

Si le tourisme urbain à la Iain Sinclair ne satisfait pas votre soif de grands espaces, sachez qu’il est possible de vivre des expériences extraordinaires dans la nature... tout près de chez vous. C’est en tout cas ce que martèlent les fondateurs de Chilowé(1), le « média et guide de la microaventure en France ». Autoproclamés les « Pierre Rabhi de l’aventure », ils recensent de nombreuses idées pour prendre le grand air pendant quelques jours. Sur leur site, vous apprendrez ainsi où faire de la randonnée à moins de 100 kilomètres de Paris, comment descendre la Seine en kayak ou encore quel itinéraire suivre pour aller chercher du brie de Meaux à vélo. Des alternatives à la traditionnelle quête du littoral, où l’affluence risque d’être forte et les mesures de distanciation sociale pas forcément faciles à respecter.


(1) Nom issu de l’anglais chill away, littéralement : se détendre au loin.
(2) Cf. l’étude « Consommation et retombées économiques du vélo en France, 2018 » de l’Observatoire du tourisme à vélo (Fédération française de cyclotourisme) réalisée à partir de données recueillies auprès de plus de 14 000 répondants via plusieurs enquêtes en ligne (accessible sur ffvelo.fr)

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