"Nous avons un parfait exemple de la façon dont on peut décliner le financement et le déploiement de la transition énergétique sur le territoire, assure Emmanuel Julien, de Sergies. Quand on a des sociétés venant à la fois du privé et du public, cela permet une appropriation locale des projets, et ça rassure les banques et les investisseurs."
De plus, même si les grands opérateurs privés éprouvent peu de difficultés de financement et bénéficient de taux bas, "les derniers rapports sur la question soulignent tout de même que les investissements réalisés sont loin d’être suffisants par rapport aux scénarios établis", explique Andreas Rüdinger, chercheur associé au pôle Énergie-Climat de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales). La Cour des comptes évalue ainsi à 84 milliards d’euros l’investissement nécessaire pour atteindre 25% de renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2025, quand négaWatt (1) chiffre à 1.160 milliards d’euros le montant pour atteindre un mix 100% renouvelable en 2050. "Rassembler toujours plus d’acteurs et de fonds autour de nouveaux projets peut donc permettre d’avoir plus d’adhésion et une accélération de la mise en œuvre de la transition", poursuit Andreas Rüdinger.
Ailleurs en France, des acteurs privés, publics et citoyens développent des projets similaires, comme par exemple le parc coopératif des énergies de Narbonne ou encore le projet Advivo Solaire. Pour le premier, il s’agit d’un parc photovoltaïque au sol de 12 MW, qui pourra produire entre 18 et 20 GWh par an, soit la consommation annuelle de 18.000 foyers. Son originalité tient au fait qu’il est prévu d’y associer la culture de biomasse: "des tests sont effectués sur les 25 hectares prévus pour cultiver des arbres, afin de choisir les espèces les plus pertinentes en termes de climat et de rendement", explique Frédéric Petit, responsable de l'antenne de VALOREM à Carcassonne. Ainsi le projet permettra de créer un filière d’approvisionnement en biomasse, en plus de la production d’énergie solaire. À terme, le parc coopératif des énergies de Narbonne est destiné à impliquer différents types d’acteurs : "aujourd’hui, VALOREM est l’actionnaire majoritaire et conservera 50%. L’association Énergies Participatives du Narbonnais (EPN), composée d’acteurs publics et privés (2), est déjà actionnaire, poursuit Frédéric Petit. D’ici quelques semaines, le département et la région entreront au capital." Une fois en phase de construction, en 2019, les citoyens seront invités à y prendre part, selon le principe un actionnaire égal une voix.
Plus à l’Est, à Vienne (Isère), le projet Advivo Solaire est quant à lui déjà en construction. Il couvrira, d’ici l’été 2018, 15.000 m2 de toiture avec des panneaux photovoltaïques. Objectif: produire l’équivalent de la consommation annuelle de plus de 680 foyers. Pour ce faire, il accueille à son capital la société d’économie mixte de la Loire (SEM Soleil), le fonds régional OSER, la plateforme de financement citoyen Énergie partagée et la société Subsol.