De la colonisation allemande, elle a conservé un tréma sur le « U » et une église luthérienne. La bourgade portuaire de Lüderitz, sur la côte namibienne, étale ses façades aux couleurs vives entre l’Océan Atlantique et le désert du Namib. Pour l’instant, ses 12 000 habitants vivent essentiellement de la pêche. Mais dans quelques années, la petite ville pourrait bien devenir un port à la pointe de la modernité. L’énergéticien allemand Enertrag prévoit d’y établir « l’une des plus grandes installations d’hydrogène vert au monde », afin d’en tirer des « engrais renouvelables » pour l’export – et se sevrer au passage des fertilisants russes. Coût du projet : dix milliards de dollars, soit… presque autant que le PIB de la Namibie.
Article de notre n°69 « Éducation populaire », disponible en kiosque, sur notre boutique et sur abonnement.

Pourquoi maintenant et pourquoi à cet endroit ? Car la planète commence à entrer dans une nouvelle saga énergétique : celle de l’« hydrogène vert », produit à partir d’eau et d’électricité renouvelable. L’engouement est tel que la journaliste scientifique Aline Nippert y a consacré un livre, Hydrogène mania. Enquête sur le totem de la croissance verte (Le Passager clandestin, 2024). « Très riche en énergie, la molécule H₂ peut être utilisée en tant que combustible, écrit-elle. Et pas n’importe lequel : un combustible qui n’émet pas...