Entretien avec Irénée Régnauld

« Il faut repolitiser les questions technologiques »

Itziar Barrios

Qu’ont en commun la reconnaissance faciale, l’automatisation des caisses de supermarché, la voiture autonome, la 5G et la smart city ? Toutes ces techno­logies sont porteuses de projets de société éminemment contestables. Présentées comme naturelles et inévitables par des industriels et des décideurs, elles ne font presque jamais l’objet de débat démocratique. Rencontre avec l’essayiste Irénée Régnauld, coauteur avec Yaël Benayoun de Technologies partout, démocratie nulle part (Fyp éditions, 2020).

Peu de temps après la sortie de votre livre, Emmanuel Macron a ironisé sur les opposants à la 5G en les comparant à des Amish. En quoi cet épisode est-il symptomatique de l’état du débat public concernant le déploiement de nouvelles technologies ?

Cette petite phrase est d’une tristesse infinie et elle illustre parfaitement ce qu’on dénonce dans notre essai. Le poncif de l’Amish montre à quel point Emmanuel Macron, comme d’autres avant lui, refuse qu’il y ait un débat sur ces questions et tente en conséquence de le réduire à une bataille entre, d’un côté, des « ­technophobes » déserteurs du progrès et, de l’autre, des « ­technophiles » qui refuseraient l’obscurantisme et continueraient d’avancer. Cette caricature du débat public passe sous silence le fait que les mouvements de contestation qui se font entendre à propos de la 5G ou d’autres techniques ont des revendications bien plus complexes, qui ne sont d’ailleurs pas forcément « anti-­technologies ». Ils couvrent ­certaines questions sociales qui sous-tendent la définition politique du progrès.

D’ailleurs, la notion de « progrès » semble de plus...

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NUMÉRO 62 : FÉVRIER -MARS 2024:
L'écologie, un truc de bourgeois ?
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