Il s’étend sur les toitures, les parapets, les vieux bancs, les pierres tombales et les écorces d’arbres. Il peut même se développer sur du plastique et du verre, dessinant des motifs inégaux, en nuances de jaune, de gris, de vert et de bleu. En ville, le lichen fait rarement événement. « Familier de tous, connu de personne », résume Vincent Zonca, qui lui a consacré un ouvrage passionnant et ultra référencé, Lichens. Pour une résistance minimale (Le Pommier, 2021). On y apprend que cette « morve de falaise » (dixit le poète canadien Ken Babstock), ces « feuilles de l’hiver » (sous la plume plus indulgente de Henry David Thoreau) seraient apparues il y a 400 à 450 millionsd’années.
Article à retrouver dans notre numéro 56 « Géo-ingénierie, c'est parti ? », disponible en kiosque et sur notre boutique.
Aujourd’hui, les lichens ne sont pas rares en milieu urbain, pour peu qu’on leur laisse le temps de pousser et la possibilité de s’accrocher. Cela n’a pas toujours été le cas : jusque dans les années 1970, la pollution soufrée des métropoles est telle qu’elle les relègue aux milieux ruraux et forestiers. Chasser les lichens de la ville, il fallait le faire : certaines espèces résistent dans les déserts et dans les climats polaires d’Arctique ; d’autres, vivant en haute altitude à la limite des glaces et des neiges, servent de points de repère aux alpinistes. Mais s’ils sont « ubiquistes »,...