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Au Mexique, il invente de l'eau solide pour lutter contre la sécheresse

Nous poursuivons notre séjour à Mexico City par un second rendez-vous des plus surprenants. Leonardo est le fils de Sergio Rico, inventeur d'une formidable « potion magique », qui pourrait bien remédier à de nombreux problèmes causés par la sécheresse. Répondant au doux nom de polyacrylate de potassium, il s'agit d'un polymère qui permet la création d'« eau solide », sous forme de gel. Leonardo, diplômé en ingénierie électronique, travaille en étroite collaboration avec son père au sein de son entreprise Silos de Agua, afin de développer ce produit.

La sécheresse n’est plus une menace

En Mexique, comme dans d’autres pays du monde, la sécheresse provoque d’immenses dégâts, notamment auprès des agriculteurs. Afin de lutter contre ce problème, Sergio Rico a élaboré un polymère de potassium, qui suit le modèle des couches pour bébé, , capable d’absorber 100 fois sa masse en eau. Quelques grammes de cette poudre blanchâtre mélangée à de l’eau, et celle-ci se transforme quasi instantanément un gel, parfaitement biodégradable et sain pour le sol.

L’agriculteur peut choisir de mélanger le polymère directement à la terre, dans quel cas l’eau de pluie infiltrée transformera le poudre en gel.  Le sol reste humide tant que le gel, d’une durée de vie de dix années, n’est pas absorbé par les plantes. Plus d’inquiétude à avoir en cas de canicule !

Mais une deuxième option d’utilisation s’offre aussi à l’agriculteur: il peut utiliser le gel pour faire des réserves d’eau, car le gel peut se conserver pendant des mois dans des sacs sans que l’eau s’évapore. L'agriculteur peut ainsi faire des réserves au cours de la saison des pluies avant d’utiliser «l’eau solide» qu'il suffit de mélanger à la terre, lorsque le manque d’eau se fait sentir. 

Le bénéfice est indéniable pour les travailleurs de la terre. En plus de ne plus se soucier des questions de météo, le produit leur assure une réduction des frais d’irrigation. Lors d’une étude menée par Léonardo, celui-ci en vient à la réjouissante conclusion d’une chute de 75 % des coûts irrigation tout en constatant une augmentation des cultures.

Maintenant que la formule miraculeuse est trouvée, testée, et approuvée, Silos de Agua travaille avant tout sur l’accessibilité du produit, qui représente un certain investissement. En effet, 25 kg de poudre s’achètent au prix de 400 euros. Leonardo et son père tentent de se rapprocher du ministère de l’agriculture mexicain afin d’obtenir des subventions, mais pour l’instant les tentatives restent vaines. Silos de Agua avance seule, mais redouble d’efforts et d’inventivité.

 

Au-delà de l’agriculture

Si le premier but de l’entreprise familiale est de venir en aide aux agriculteurs, premières victimes de la sécheresse, Silos de Agua pense désormais à élargir ses champs d’actions. Les particuliers ont également été séduits par le produit, qui se  retrouve aussi bien dans les parcelles cultivables des agriculteurs que dans les pots des plantes d’appartement d’une population plus aisée. À plus grande échelle, de plus en plus de mairies sont intéressées par l’eau solide. La terre des parcs de la capitale mexicaine bénéficie de cette innovation, ou encore certains de ses parcours de golf, soucieux de réduire leur consommation en eau.

Et l’entreprise va plus loin encore ! Silos de Agua cherche également à développer un vêtement dans lequel il serait possible d’introduire du gel afin de réguler la température corporelle. Si le projet abouti, cela représenterait un grand confort pour les nombreux policiers et soldats qui, au Mexique et ailleurs, patrouillent des heures durant, en plein soleil. Affaire à suivre...

Le souci d’expansion internationale

L’invention de Sergio Rico a très vite dépassé les frontières mexicaines, et pour cause. De nombreux agriculteurs sud-américains, africains ou encore européens, eux aussi confrontés au manque d’eau, sont intéressés par cette potion. Pour faire face à cette demande supplémentaire, Silos de Agua travaille avec des fournisseurs autorisés, notamment en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso, ou dans d’autres pays d’Amérique latine.

Edwin Torrez est le fournisseur autorisé pour la Bolivie. Nous le rencontrons, quelques semaines plus tard. Malgré les obstacles, que sont principalement le prix du polymère et l’ombre de la concurrence qui pèse sur l’entreprise mexicaine, la collaboration porte peu à peu ses fruits. Edwin est en passe de convaincre de nombreux agriculteurs de se convertir à Silos de Agua.

Avec son eau solide, Leonardo espère apporter une solution révolutionnaire pour l’agriculture mondiale.

 

Pour suivre le WIFU Project : http://www.wifuproject.com/

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