Les jours caniculaires comme celui-ci, la plaine de la Crau ressemble à un piège quasi mortel. Le soleil y écrase tout, en ce début de juillet. Pas d’ombre, pas d’abri, pas d’air, juste de la caillasse calcaire et brûlante à perte de vue le long de cette étendue steppique coincée entre les Alpilles, la Camargue et le golfe de Fos, dans les Bouches-du-Rhône. Là où coule le canal de Craponne et son ingénieux système d’irrigation vieux de 400 ans, l’herbe et les roseaux sont figés sur place. « Si le mistral pouvait se lever, ça nous rafraîchirait », espère Didier Tronc, agriculteur à Istres, qui fauche depuis des jours le prestigieux foin de Crau, une production sous AOP dont se régalent notamment les plus grands chevaux de course.
Retrouvez cet article dans notre numéro 59 « Sabotage : on se soulève et on casse ? », en librairie et sur notre boutique.
Ce vent sec du nord, glacial en hiver, racle le ciel toute l’année. Il burine les visages provençaux et fait pousser les pins à l’horizontale. Un vole-chapeau qui « rend fous les Parisiens » et dont le souffle hasardeux obsède aussi bien les présentateurs météo que les discutailleurs de village. Ici, on dit que même les...