Lecture politique

Vincent Berthelier : « Personne ne se politise par la littérature »

Photos : Antoine Seiter

Certaines des figures littéraires contemporaines de premier plan sont ostensiblement de droite ou réactionnaires. Les succès récents des livres de Michel Houellebecq ou les chiffres de ventes de Sylvain Tesson réactivent des débats qui ont divisé les amateurs de littérature tout au long du xxe siècle : le « style » est-il de droite ? Existe-t-il un style « de gauche » ? La couleur politique d’une œuvre influence-t-elle les opinions des lecteurs et lectrices, ou bien goûts littéraires et options politiques évoluent-ils dans des couleurs séparées ? François Bégaudeau s’est entretenu à ce sujet avec Vincent Berthelier, auteur du très remarqué ouvrage Le style réactionnaire, de Maurras à Houellebecq.

Vous nous avez livré l’automne dernier un livre très précieux, Le style réactionnaire. De Maurras à Houellebecq (Amsterdam, 2022). Précieux d’abord en ce qu’il refait droit à l’idée d’un nouage possible entre options esthétiques et options politiques. Entre faits de langue et faits d’opinion. Il me semble que ce nouage, très pratiqué dans les années 1970 où l’on pouvait par exemple parler de « langue fasciste », de « formes bourgeoises », etc., s’est un peu perdu par la suite. Est-ce votre impression, et comment l’expliquez-vous ?

Face à cette question, il est difficile de ne pas penser à l’essai La langue est-elle fasciste ?, d’Hélène Merlin-Kajman, qui est l’une des dernières universitaires à perpétuer l’esprit théorique des années 1970, et qui précisément se retrouve en porte-à-faux face à une jeune génération de chercheurs qui pense en de tout autres termes. Le nouage entre esthétique et politique a continué à se faire, mais selon des coordonnées conceptuelles plutôt héritées de Bourdieu, de la pensée décoloniale et des études de genre. L’enjeu n’est donc pas qu’on a cessé de parler de culture bourgeoise, mais qu’à partir des années 1980, on ne parle plus de bourgeoisie (et de classes en général) ; en revanche, on parle volontiers, dans la langue militante de gauche, de « culture (il)légitime », de « culture du viol », de « langue sexiste »,...

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