A compléter

Un nouveau bastion de la culture et du développement durable au Fort d'Aubervilliers

Fort Recup a donné une nouvelle impulsion au Fort d'Aubervilliers en réhabilitant une partie de ses bunkers dans l'objectif d'en faire un espace dédié à la culture et à l'entrepreneuriat social.

On ne tombe pas sur Fort Recup par hasard. Pour y parvenir, il faut parcourir le kilomètre qui le sépare de la grille à l’entrée du Fort d’Aubervilliers – encore fermée au public pour cause de travaux –, le long d’un chemin caillouteux bordé d’herbes sauvages. Un petit havre de paix, loin de l’agitation urbaine, où la philosophie du réemploi règne en maître. Dehors, une caravane fait office de salle de réunion. Deux casemates (ou bunkers) ont été rénovées et décorées avec soin à partir de matériaux de récup’ trouvés sur les lieux.

À l’origine de ce projet d’urbanisme transitoire porté par Fort Recup, la volonté de donner une seconde vie à cette friche gorgée d’histoire. Car « Fort d’Aubervilliers » n’est pas seulement le nom d’une station de métro en région parisienne : c’est aussi celui d’un ancien fort militaire construit en 1843, occupé par l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, puis partiellement abandonné – et désormais la résidence (temporaire) d’artistes, travailleurs indépendants et de Fort Recup.



© Sophie Kloetzli

Un lieu d’inspiration


« Le but était aussi de créer un espace qui a du charme et qui inspire les gens », précise Dom Tappy, qui nous reçoit au QG de Fort Recup. Il y a trois ans, cet expert du développement durable décide de rénover deux casemates du fort avec son associé Thomas Winkel. Eau, électricité, chauffage, wi-fi… rendre les lieux utilisables n’a pas été une mince affaire. Aujourd’hui, ils sont privatisables et accueillent régulièrement manifestations culturelles et séminaires. Des danseurs de l’Opéra de Paris y ont même réalisé une performance.

Et depuis peu, un espace de coworking met une vingtaine de postes à disposition de porteurs de projets à impact social ou environnemental. Inspirer les entrepreneurs, les conseiller et les accompagner, mais aussi favoriser des rencontres : Fort Recup n’est pas à proprement parler un incubateur mais bien un écosystème d’initiatives en accord avec les valeurs de l’équipe.

« Pas juste un lieu branché de plus  »


Face aux autres lieux alternatifs qui se multiplient en région parisienne, l’équipe de Fort Recup affirme sa différence : « notre modèle économique est différent des lieux alternatifs qui ouvrent un bar ou un restaurant pour financer leurs activités… mais qui exclut les populations locales. Nous ne voulons pas juste devenir un lieu branché de plus. » Faute d’un bar donc, le projet s’est d’abord lancé sur la base des fonds propres des fondateurs et de la vente d’artisanat, et mise désormais sur les revenus générés par l’espace de coworking et des privatisations.

« Nous voulons rester fidèles à nos valeurs, garder l’âme du lieu, et surtout bénéficier aux locaux, contribuer à créer de la mixité sociale », poursuit Dom Tappy. Un projet d’agriculture urbaine est également prévu, « dans un but avant tout pédagogique et de création de lien social. »


© Fort Recup

Un pionnier au Fort


Fort Recup fait figure de pionnier au Fort d’Aubervilliers mais n’est pas tout seul sur le terrain. Son propriétaire, Grand Paris Aménagement, s’est décidé à réaménager ses 36 hectares. Des projets à dimension environnementale, culturelle, sociale et artistique ont été sélectionnés pour développer un lieu de vie ouvert au public et intégré à la ville. Parmi eux : une ferme accueillant un espace de vie pour animaux, un lieu de maraîchage, une grainothèque et un rucher. Un écoquartier verra également jour en bordure du fort, avec la construction de 900 logements familiaux dont 50% de logements sociaux.

Dans la lignée des valeurs de Fort Recup, le communiqué de presse de Grand Paris Aménagement précise que « les activités qui seront proposées placeront les habitants et usagers du Fort dans un esprit de co-construction et de participation à la revalorisation du site. » La régénération urbaine sera participative ou ne sera pas.

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NUMÉRO 65 : AOÛT-SEPTEMBRE 2024:
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