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Un documentaire pour mettre des mots sur les maux des médias

Il y a deux ans, la journaliste Anne Sophie Novel s'engageait avec enthousiasme dans le lancement d'un nouveau média. L'échec d'Ebdo fût rapide et douloureux. Cette expérience servira néanmoins de fil rouge à son documentaire "Les médias, le monde et moi" qui interroge le rapport que nous entretenons aujourd'hui aux médias.

Il y a deux ans, Laurent Beccaria et Patrick de Saint-Exupéry, les fondateurs des revues 6 mois et XXI, proposaient à Anne-Sophie Novel de faire partie d’un groupe de réflexion pour créer un nouveau média. Dès le printemps 2016, ils se regroupèrent tous les vendredis matins. De ces réunions naîtra Ebdo. La journaliste freelance, spécialisée dans l’écologie et les alternatives, décide de filmer les prémices d’une histoire qu’elle espère fructueuse et qui deviendra le fil rouge de son documentaire : Les médias, le monde et moi.

Des mots sur les maux


Comme d’autres, elle a cru au succès de ce nouveau format qui n’a finalement su ni fonctionner ni convaincre. “Il y a eu des erreurs dans la mise en place du projet au niveau entrepreneurial, managérial et éditorial”, déplore Anne-Sophie Novel, amère et déçue. Ebdo n’est malheureusement qu’un épisode d’une série noire. D’autres rédactions comme Vraiment, l’Imprévu ou récemment Buzzfeed ont mis la clé sous la porte, conduisant au licenciement de nombreux journalistes. “Nous sommes arrivés à un point de saturation”, argue Anne-Sophie Novel, “soit on est sollicité par l’infobésité, soit les gens se détournent de l’information.”

Elle a voulu comprendre l’origine de cette défiance à l’égard des médias. Son documentaire, dont le tournage n’est pas achevé, met en lumière “les journalistes qui s’interrogent et se battent pour la qualité de leur travail”. Loin de cette “connivence avec les politiques” souvent décriée, elle entend questionner notre rapport à la vérité, à l’objectivité, montrer que la profession n’est pas uniforme.

Elle a rencontré des journalistes mais aussi des chercheurs et des sociologues, en France mais aussi à l’étranger : “les anglo-saxons considèrent que les médias dépeignent un monde plus négatif qu’il n’est réellement”. À travers ce documentaire, elle compte “redonner de l’espoir” sans pour autant prôner un “journalisme de bonnes nouvelles”. “Faire du journalisme positif, ça ne veut rien dire : l'héroïsation du monde ne fonctionne pas. Il faut se questionner : que reflétons-nous en tant que média ?”  

Dépoussiérer le journalisme


Anne Sophie Novel atteste que le “métier est en plein renouveau” – et si certains ont essuyé des échecs, d’autres connaissent un “énorme succès”. Elle cite le 1, Society ou encore Brut, qui “segmentent bien leur format et se préoccupent de l’attention que l’audience peut accorder”. Elle évoque aussi le traitement des fake news et le travail d’investigation qui mettent en lumière des faits de société et “redorent le blason des médias”.

Les médias, le monde et moi a pour ambition de développer une réflexion profonde sur le métier de journaliste. Pour Anne-Sophie Novel, le journalisme de demain “doit être médiateur et tisser du lien” afin de révéler toute la complexité du monde et se libérer des présupposés dans lesquels nous nous sommes cloisonnés de part et d’autre. À l’heure où l’ombre de la crise plâne sur des modèles économiques dont l’équilibre est parfois tâtonnant, la tâche s’annonce ardue.


Une campagne de crowdfunding est active jusqu'au 9 juillet pour financer ce documentaire.

 

 

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NUMÉRO 65 : AOÛT-SEPTEMBRE 2024:
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