A compléter

Un "camion poubelle de la mer" pour nettoyer les océans

The Sea Cleaners a imaginé un bateau capable de récolter le plastique avec pour objectif de dépolluer les océans autant que possible. Actuellement en campagne sur KissKissBankBank, le Manta pourrait voir le jour en 2021.

L’océan est infesté de plastique. En janvier 2016, la fondation Ellen MacArthur dévoilait que, d’ici 2050, l’océan comptera plus de plastique que de poissons. Chaque année, plus de 8 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversées et charriés par les courants. Mais, face à l’immensité de l’océan, il est difficile de se représenter la réalité de ces chiffres si on ne va jamais en haute mer. Et la tâche de le nettoyer peut sembler ardue voire impossible. C’est pourtant le défi d’Yvan Bourgnon et de son association The Sea Cleaners : imaginer une façon de débarrasser l’océan des déchets plastiques pas encore fragmentés.

Marin, Yvan Bourgnon a lui-même constaté cette pollution au cours de son tour du monde en catamaran de sport. En naviguant au ras de l’eau, pendant plus de 200 jours, il a décidé qu’il était temps d’agir. “Quand j’étais en Asie du Sud-Est, il fallait que j’arrête le bateau tous les quarts d’heure pour enlever les morceaux de plastique”, explique-t-il dans la vidéo de présentation de son projet. Parfaitement conscient que la solution idéale serait d’arrêter de jeter du plastique dans l’océan, Yvan Bourgnon n’est pas dupe pour autant. Les habitudes ne vont pas se changer facilement. Il a donc envisagé une autre solution : le manta.

Un bateau poubelle

Ce bateau sera l’équivalent du “camion poubelle de la mer” : un grand voilier, mesurant 60 mètres de long et 49 mètres de large, qui devra parcourir les océans pour y récupérer le plastique, afin de le ramener à terre, où des camions ramèneront ces déchets vers les centres de recyclages. Pour être totalement propre et autonome en énergie, le bateau sera doté de panneaux photovoltaïques pour compléter ses voiles. A son bord, un équipage de douze personnes, composé de scientifiques et de visiteurs, embarqueront pour des missions de deux semaines à deux mois. Leur rôle : rejoindre une zone où le plastique se concentre pour pouvoir le soustraire de l’eau.



Et pour mettre au point le système permettant au bateau de dépolluer l’océan, pas besoin de regarder ailleurs que… dans l’océan lui-même. Le Manta sera équipé d’un collecteur qui ressemble aux fanons de baleine. Cette herse, située à l’arrière, mesurera 72 mètres de large une fois déployée et pourra collecter des déchets jusqu’à 1m50 de profondeur. Et son fonctionnement s’inspire cette fois de la raie manta : “il agira comme un véritable filtre-nettoyeur, comme le font les raies MANTA dans les courants océaniques.” Les cuves du bateau pourront conserver jusqu’à 300 m3 de plastique triés et compressés. Pour ne pas risquer d’attraper des poissons, cétacés ou autres animaux marins, le manta sera équipé d’un système inédit d’émissions sonores qui les éloignera.

De nombreuses initiatives pour nettoyer les océans

Naturellement, l’équipe du Manta n’est pas la seule à imaginer des inventions pour remédier à ce problème. D’autres initiatives émergent de part et d’autres du monde pour agir à échelle variable. C’est le cas notamment de deux surfeurs australiens : Peter Ceglinski et Andrew Turton, à l’origine de la SeaBin. Cette poubelle de mer n’a pas vocation à s’attaquer au grand large mais à nettoyer des espaces plus restreints. Reliée à une pompe, la SeaBin aspire l’eau des ports de plaisance, des voies navigables ou encore des lacs résidentiels, la filtre pour en extraire les déchets ou les hydrocarbures et la rejette purifiée. Il suffit de vider régulièrement le sac en fibre naturelle qui retient les déchets récoltés. Quant aux poissons, ils ne risquent rien : la pompe n’est pas assez puissante pour les retenir et, si cela se produit, il serait coincé dans l’eau jusqu’à sa libération. Le processus est actif en permanence et nécessite très peu de maintenance. Après une phase test depuis de nombreuses années à Palma de Majorque, SeaBin est désormais en test à La Grande Motte. 



À plus grande échelle, on ne présente plus le très médiatisé “Ocean Cleanup”, porté par le néerlandais Boyan Slat. Il y a quatre ans, à seulement 17 ans, le jeune homme a imaginé une solution pour récolter le plastique dans les océans : une grande barrière filtrante composé de filets et de bouées qui a vocation, grâce à l’action des courants, à filtrer les plus gros morceaux de plastiques de l’océan avant qu’ils ne deviennent des micro-particules ingérés par les poissons et injectés ainsi dans la chaîne alimentaire. Après une campagne de crowdfunding à succès, le prototype de l’Ocean Cleanup est actuellement en phase test au large des côtes du Pays-Bas. A terme, Boyan Slat espère pouvoir déployer un exemplaire plus global de son invention au large du pacifique.



Mais la seule solution durable, à long terme, est encore de diminuer la quantité de plastiques jetés dans les océans chaque année. Et pour cela, ce sont directement les habitudes de consommation qu’il faut changer. Des mesures vont doucement dans ce sens. Depuis le 1er juillet 2016 par exemple, la distribution de sacs plastique à usage unique en supermarché est interdite par la loi. A partir du 1er janvier 2017, la mesure concernera également les sacs d’emballage de fruits et légumes.

En attendant, vous pouvez encore soutenir The Sea Cleaner. Le projet a déjà dépassé son objectif initial de 80 000 euros de collecte. En revanche, pour pouvoir mettre au point le prototype du bateau et du collecteur, l’association espère récolter 150 000 euros. Le premier manta pourrait entrer en service dès 2021.

Pour soutenir le projet : https://www.kisskissbankbank.com/the-sea-cleaners

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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
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