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[Tribune] "Refonder le pacte démocratique par l'économie sociale et solidaire avec Benoît Hamon"

Une cinquantaine d'acteurs de l'économie sociale et solidaire ont décidé d'afficher leur soutien à Benoît Hamon. Selon eux, il est seul candidat à même de porter les enjeux de l'ESS sur le devant de la scène politique nationale et européenne. Ils sont entrepreneurs, chercheurs, et militants historiques d'un secteur qui représente aujourd'hui 10% du PIB français et 25% des nouveaux emplois créés depuis cinq ans.

Cette élection présidentielle exprime et accélère une grave crise démocratique. La confiance dans les représentants s'est dramatiquement affaiblie. Les affaires et la manière d'y répondre portent l'estocade. Prétendre être premier magistrat du pays et s'asseoir sur les décisions de justice, être garant des libertés publiques et démolir la liberté de la presse, minent insidieusement les piliers de notre démocratie.

La crise de confiance génère un clair obscur d'où pourraient surgir des monstres, aux plans individuel et collectif dans l'espace public comme dans l'espace privé. Que faire?

Nous ne sortirons de cet affaiblissement démocratique ni par un homme providentiel, ni par des mesures ponctuelles de court terme, mais par un travail systémique long: il faut fonder un nouveau pacte démocratique.

Cela consiste à donner plus de pouvoir au citoyen en co-construisant une démocratie plus délibérative et participative. A l'heure de la révolution digitale et des réseaux sociaux, réduire la participation à un bulletin dans une urne tous les 5 ans ne suffit plus. Oui au 49.3 citoyen qui consiste aussi à introduire plus de démocratie, d'égalité, de fraternité.

Nous voulons ouvrir un nouveau cycle dans lequel les citoyens aient davantage de pouvoir d'orientation et de décision économique: cette économie que nous aimons, nous l'appelons économie sociale et solidaire (ESS). Elle est au cœur de notre modèle social. Une économie qui sait où elle va, qui repose sur la transparence, qui implique producteurs, consommateurs et épargnants, peut régénérer la confiance et réduire les inégalités. Des solutions s'inventent sur le terrain. Elles s'appellent circuits courts, coopératives d'activité et d'emploi, pôles de coopération, groupements d'employeurs, transition énergétique citoyenne, entreprises sociales, tiers-lieux, épargne solidaire, crowdfunding, habitat participatif, territoires zéro chômeur, insertion par l'activité économique (IAE). IAE qui à elle seule remet en emploi 130 000 personnes exclues des circuits traditionnels chaque année. Un véritable levier de développement local autour d'activités non délocalisables, durables et innovantes! Toutes ces solutions sont des utopies réalistes. Elles redonnent le goût à la jeunesse d'entreprendre et de s'engager. Elles recréent le lien social et l'inclusion. Elles font reculer la peur, cette mauvaise conseillère.

Nous appelons les acteurs de cette ESS démocratique à faire davantage entendre leur voix dans la campagne. Le bilan du précédent quinquennat est positif en la matière. La loi ESS, dite loi Hamon, peut être considérée comme un Acte 1 prometteur. Il faudra demain aller plus loin et plus fort avec une alliance entre l’Etat et l'ESS : un ministre de plein exercice, une délégation interministérielle renforcée, un pacte de développement quinquennal avec les acteurs du secteur et les collectivités territoriales, un plan fiscal massif en faveur de l'innovation sociale, des outils de financement pour sécuriser et développer ses entreprises, des outils de financement pour l'amorçage, une utilisation des marchés publics plus favorable à l’ESS...

Les mesures techniques, nous les connaissons, nous y avons travaillé. Elles sont prêtes. Ce que nous attendions c'est qu’un candidat à la présidentielle exprime clairement une volonté politique en faveur de cette "économie autrement", qu’il s'engage à la porter à l'échelle européenne. C’est chose faite aujourd’hui, c’est pourquoi nous apportons tout notre soutien à Benoît Hamon dans la campagne présidentielle.

Premiers signataires (en leur nom propre):

Claude Alphandéry, Antoinette Guhl, Christian Sautter, Charlotte Debray, Claude Gruffat, Marie Martine Lips, Jean-Louis Cabrespines, Fanélie Carrey-Conte, Jacques Landriot, Christiane Bouchart, Patrick Viveret, Delphine Lalu, Philippe Frémeaux, Françoise Leroy, Jean-René Marsac, Elisabeth Bost, Régis Juanico, Myriam Faivre, Eric Pliez, Anne Pfersdorff, Jérôme Saddier, Frédéric Badina-Serpette, Jeanne Bretécher, Olivier Jouan, Julien Bottriaux, Luciana Calvetti, Jérôme Calmels, Anne Laure Fédérici, Xavier Corval, Jeanne Granger, Alain Delangle, Muriel Ighmouracène, Antoine Detourné, Laure Kuntzinger, Guillaume Duval, Jennifer Leblond, Timothée Duverger, Elisa Lewis, Yassir Fichtali, Laura Ortiz-Rouzé, Aurélien Furet, Sandra Regol, Bruno Garcia, Marie Toussaint, Vivien Gasq, Kevin Goldberg, Basma Tliba, Cécile de Calan, Florent Gueguen, Victor Grèzes, Guillaume Holsteyn, Rudy Pignot-Malapert, Sébastien Poulet-Goffard, Thomas Porcher, Jean Sammut, Emmanuel Soulias, Romain Stiline. 

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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
La crise écologique, un héritage colonial ?
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