A compléter

Sym city

Dans la nature, l'arbre et le champignon contribuent chacun à la survie de l'autre par l'échange de sucres et de nutriments. C'est le principe de la symbiose : deux organismes appartenant à des espèces distinctes se développent grâce à leur association durable. Ce principe simple de coopération peut-il s'appliquer aux sociétés humaines ?

Kalundborg, une symbiose industrielle

Peut-être connaissez-vous Kalundborg, au Danemark. Cette ville fonctionne selon le principe de symbiose industrielle : toutes les entreprises sont interdépendantes, les déchets des unes constituant la matière première des autres.

Tout a commencé dans les années 1960, lorsque que Statoil, une multinationale pétrolière norvégienne, s'est installée dans cette petite ville portuaire. Ayant d’importants besoins en eau pour son refroidissement, la raffinerie a commencé par passer un accord avec la collectivité afin de mieux gérer sa consommation et de réduire ses dépenses. À mesure qu’elle s’est développée, Statoil s’est ensuite tournée vers d’autres fournisseurs. Le fabricant de placoplâtre Gyproc, dépensait, quant à lui, d’importantes quantités d'énergie pour le chauffage du plâtre et du gypse. Afin d’optimiser sa consommation, il s'est associé à Statoil, utilisant les excès de gaz de la raffinerie comme source d'énergie.
 Au fur et à mesure, de nouvelles entreprises ont intégré cet écosystème. Et aujourd'hui, une vingtaine d'entreprises travaillent ainsi en interaction : des exploitations agricoles, des pêcheries, des usines de retraitement des déchets ou encore une centrale thermique. Au-delà des gains économiques indéniables, la symbiose industrielle crée d’importants bénéfices environnementaux. Les économies d'énergie, la réduction d'émissions de CO2 ou encore le recyclage systématique ont fait de Kalundborg une ville pionnière en matière d'écologie industrielle. Si ce système vertueux perdure depuis plus de quarante ans, c'est grâce au respect des conditions inhérentes à tout système naturel : la diversité, la complémentarité, la proximité, la communication permanente et la coopération. Kalundborg est d’ailleurs souvent citée comme modèle de ville inspirée des écosystèmes. Privilégier le local, miser sur la collaboration plutôt que la compétition, valoriser les déchets... autant de principes inhérents aux écosystèmes naturels.

 There're so many alternatives

« Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements ». Cette phrase de Charles Darwin balaye d'un revers de main tous les préjugés liés à la sélection naturelle : ce n'est pas nécessairement la loi du plus fort qui l'emporte, et la compétition n'est pas le seul mode de fonctionnement des espèces vivantes. Exit donc ce que l’on a appelé, à tort, le darwinisme social, qui postule que la lutte pour la vie est l'essence des relations sociales, et qui a longtemps servi d'argument pour asseoir des modèles économiques injustes et pourtant aujourd'hui encore dominants. Outre l'écologie industrielle, d’autres voies sont possibles, telles que l'économie circulaire, l'économie bleue, l'intelligence collective... N'en déplaise à feu Margaret Thatcher, il existe pléthore d'alternatives.

Article à retrouver dans le numéro 3 de Socialter, rubrique « Social Lab » pages 82.
 

À
 propos de l'auteur 
: Plasticien et graphiste, Damien Dion est membre de Biomimicry Europa, une association pour la promotion du biomimétisme.
 


(Photo de Une © The danish board of technology )
(Photo inter1 © Kalundborg Symbiosis)
(Photo inter2 © Cassidy Curtis)
(Photo inter3 © Novozymes)

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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
La crise écologique, un héritage colonial ?
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