Entretien croisé

Lucie Pinson et Julien Lefournier : « Il est important de repolitiser la finance »

Photos : Fred Lahache

« Obligations vertes », « produits durables », « fonds responsables »… En France, depuis quelques années, le jargon de la finance se pare de vert. Pourtant, il suffit de creuser un peu pour se rendre compte de son aspect superficiel. L’ex-financier Julien Lefournier en fait la démonstration dans l’ouvrage L’Illusion de la finance verte (éditions de l’Atelier, 2021). De son côté, Lucie Pinson, de l’association Reclaim Finance, a fait de la transformation de la finance, et notamment de la lutte contre le financement des nouveaux projets d’extraction fossile, son cheval de bataille. Rencontre avec deux fins connaisseurs des ruses du monde de la finance.

Les expressions « finance verte » ou « finance durable » sonnent creux, car on ne sait pas très bien à quoi elles font référence. Qu’est-ce qui les différencie de la finance classique ?

Lucie Pinson Un peu plus de greenwashing ! Je pense que le terme a le mérite de souligner qu’il y a un problème avec la finance telle quelle. Cette expression est souvent utilisée pour désigner des produits créés avec comme objectif de financer des projets dits « verts ». Elle a été popularisée avec l’idée qu’il ne faut pas s’inquiéter : les acteurs financiers vont apporter par eux-mêmes les solutions à la catastrophe climatique en développant de nouveaux produits financiers capables d’opérer la transition.

Entretien issu de notre numéro 65 « Fric fossile ». En kiosque, en librairie et sur notre boutique.

Or, si ces projets ne viennent que s’ajouter à la finance dominante, ils n’apportent aucune solution. Si on fait plus de vert tout en continuant à financer les énergies fossiles, à la fin, nous aurons une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. C’est d’ailleurs ce qui se produit : la 15e édition du rapport Banking on climate chaos révèle que les grandes banques françaises ont accordé près de 67 milliards de dollars à l’expansion des énergies fossiles entre 2021 et 2023, avec en tête le pétrole et le gaz.

Julien Lefournier Pour moi, le fait même de parler de finance verte est déjà un échec....

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NUMÉRO 66 : OCTOBRE-NOVEMBRE 2024:
La crise écologique, un héritage colonial ?
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