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Rareté de l'eau et énergie : quel avenir ?

« Quel avenir énergétique face à la rareté de l'eau ? » Lancée en janvier dernier par la Banque mondiale, cette initiative a pour objectif d'aider les pays à faire face aux défis énergétiques futurs en prenant en compte la rareté de l'eau. Le point sur cet enjeu planétaire.

Hydroélectricité, refroidissement des centrales thermiques et nucléaires, extraction et transformation des combustibles, production de biocarburant… Autant de modes de production d’énergie qui ont recours à l’eau pour fonctionner.

Lancée en janvier dernier par la Banque mondiale au Sommet mondial des énergies du futur et de l’eau, l’initiative « Thirsty Energy » (« L’énergie a soif ») attire notre attention sur cet usage essentiel de l’eau, aujourd’hui sérieusement menacé : la production d’énergie.


Tension entre l’eau et l’énergie

L’eau et l’énergie n’ont jamais été aussi interdépendantes qu’à l’heure actuelle. Mais pour combien de temps encore ? Selon la Banque mondiale, la consommation énergétique mondiale va augmenter de 35 % d’ici 2035, entraînant une croissance de la consommation d’eau de 85 %. Les situations de stress hydrique et de manque d’accessibilité à l’eau sont donc amenées à s’aggraver. Ce à quoi il faut ajouter une hausse de la température générale de la planète, qui influera sur la qualité de l’eau.

Cette situation est prise très au sérieux par les compagnies énergétiques : en effet, pour 82 % d’entre elles, l’eau apparaît comme un important facteur de risque pour leur activité. De plus, 59 % d’entre elles estiment qu’elles ont déjà connu des difficultés d’accès à l’eau au cours de ces 5 dernières années. La tension entre l’accessibilité hydrique et la production d’énergie est donc déjà préoccupante.

Si rien n’est fait, les pays en développement risquent d’être les premières victimes de cette pénurie d’eau et d’énergie. Selon les calculs de la Banque mondiale, d’ici 2050, l’Asie va voir ses besoins en électricité augmenter de 350 %, l’Amérique latine de 550 %, et l’Afrique de 700 %. Et pour faire face à cette croissance, la Banque mondiale estime que les besoins en eau vont augmenter de 350 à 500 %. Les difficultés d’accès à l’eau déjà présentes dans ces régions laissent imaginer l’ampleur du défi à venir…


 

Les solutions proposées

Face à ce constat, quelles sont les solutions proposées par la Banque mondiale ? Trois pistes de réflexion semblent se dégager.

Tout d’abord, il s’agit d’inciter les gouvernements à envisager conjointement la planification énergétique et la planification hydrique. Cette gestion interdépendante est destinée à prendre réellement en compte la fragilité des stocks d’eau disponibles.

L’autre solution envisagée par la Banque mondiale consiste à intégrer un objectif de réduction de dépendance à l’eau dans les politiques énergétiques. Cela pourrait par exemple passer par la rénovation des systèmes de refroidissement des centrales thermiques, par un meilleur recyclage des eaux usagées, par une optimisation du stockage de l’énergie, par l’amélioration de l’efficacité des centrales électriques, ou encore par l’utilisation plus fréquente des énergies renouvelables (centrales solaires, parcs éoliens, etc.).

Enfin, la Banque mondiale encourage la société civile à faire preuve d’une utilisation raisonnée de l’énergie, ce qui passerait par des actions de sensibilisation des consommateurs.

Avec cette initiative, la Banque mondiale entend pointer l’urgence pour les pays de préparer leur avenir énergétique en composant avec des ressources hydriques de plus en plus rares. Un véritable dialogue entre les parties prenantes, des études de terrain précises ainsi qu’un large partage des données collectées apparaissent comme autant d’outils indispensables pour faire face à ce défi. Reste à voir si les gouvernements seront prêts à agir rapidement et concrètement pour le relever.

Pour consulter l’infographie explicative du projet “Thirsty Energy” de la Banque Mondiale
Pour consulter le communiqué de la Banque Mondiale concernant cette initiative
 
(crédits photo: Frédéric Bisson / Infographie : Banque mondiale)

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