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Pourquoi les artistes sont indispensables pour lutter contre le réchauffement climatique

Le second Conclave d'Art of Change 21 s'est tenu les 9 et 10 octobre au Grand Palais à Paris. Parmi les acteurs de cet événement, des artistes, qui ne se contentent plus de créer des oeuvres, mais souhaitent faire réfléchir le grand public sur les conséquences des actions humaines sur notre planète.

Les artistes ici présents sont non seulement des artistes, mais des acteurs du changement”. Alice Audouin, la fondatrice d’Art of Change 21, résume l’ambition de ces nouveaux messagers du climat. Pendant deux jours au Grand Palais à Paris, les 9 et 10 octobre dernier, avec des entrepreneurs sociaux mais aussi des jeunes engagés, ils ont réfléchi à de nouvelles idées de projets artistiques et participatifs afin de lutter contre le réchauffement climatique.

Les artistes ainsi que l’ensemble des participants à ce Conclave se sont rassemblés autour d’un concept-action, “Climate Being”. Un manifeste ainsi qu’un nouveau mouvement qui montrera que l’Homme et le climat sont liés, et que l’espèce humaine doit préserver sa planète s’il ne veut pas mettre en péril son existence. Les artistes qui ont mené à bien ce Conclave vont désormais faire des interventions artistiques dans l’espace public. Mais la véritable œuvre artistique sera le “Museum of the last plastic bottom”, qui emmènera les visiteurs dans un futur totalement décarboné, dont la pièce maîtresse sera la dernière bouteille plastique présente sur notre planète.

Mais pourquoi faire appel à des artistes? Alice Audouin résume: “[Ils] ont en eux une immense créativité, un vrai refus de la réalité”. Ils apportent un autre regard sur le dérèglement de notre planète. De ces individus ressort une volonté de faire réfléchir le grand public aux conséquences des actions humaines sur la planète, en changeant de regard.


Ours à la dérive


Parmi eux, Vincent JF Huang, artiste taïwanais devenu en quelque sorte “l’ambassadeur de Tuvalu”, île située dans l’océan Pacifique, au large de l’Australie. Le tournant de sa carrière a lieu en 2009, lors de la Conférence sur le climat de Copenhague. Le représentant de Tuvalu y a fondu en larmes lors de son discours durant lequel il a évoqué les conséquences du réchauffement climatique sur son île.


Un choc pour Vincent JF Huang: l’année suivante, l’artiste se rend sur l’île située à quelques kilomètres de la Nouvelle-Calédonie. Depuis, il représente l’archipel lors des conférences internationales. “C’est injuste que les populations de ces îles soient les premières victimes du réchauffement climatique alors qu’elles n’en sont en aucun cas responsables”, eux qui vivent encore de manière traditionnelle, loin de nos modes de consommation modernes.



Ses travaux consistent en une représentation des actions humaines et de leurs conséquences sur la planète. Par exemple, la vengeance d’un pingouin qui s’attaque au taureau de Wall Street à New York, symbole d’un capitalisme effréné. Sa dernière œuvre, qu’il souhaite amener sur la Seine à Paris, représente une banquise à la dérive sur laquelle flottent des ours polaires équipés d’un gilet de sauvetage. Selon lui, “l’art doit être un début de réflexion sur les conséquences de notre action”. Il refuse d’exposer dans des galeries, préférant l’espace public dans l’optique de toucher plus de monde.
 

 

A contrario, Romuald Hazoumé n’est “pas un militant”. Cet artiste béninois travaille avec des déchets pour en faire des masques. Le Bénin est voisin du Nigéria, gros producteur de pétrole. De nombreux bidons et déchets liés à l’exploitation de cette matière première dérivent vers l’ouest. L’artiste “souhaite distraire les gens avec ces masques”, afin de donner une nouvelle vision des déchets.


Pourquoi faire appel à des artistes pour lutter contre le réchauffement climatique? “
Parce que nous avons la manière la plus simplissime de toucher du monde et de créer une idée commune”.


Des approches différentes


Romuald Hazoumé n’est pas le seul à se servir des déchets, résidus de l’activité humaine. Parmi les présents au Conclave, Ibrahim Mahama est un artiste ghanéen qui utilise des cageots de fruits et légumes dans ses œuvres. Pour les assembler, il se sert de papier journal mais aussi de chaussures qu’il peint. À travers ses travaux, il dénonce l’inégalité d’utilisation des objets de consommation entre pays riches et ceux en voie de développement.

Il dépose ses montages dans des endroits où les populations n’ont pas accès à ces biens. Son objectif? Explorer les thèmes de la globalisation des échanges économiques, source de pollution et donc cause du réchauffement climatique.

Au Mexique, Minerva Cuevas dénonce l’impact des êtres humains sur l’environnement en recouvrant de goudron ses sculptures et peintures. L’artiste reprend aussi les campagnes publicitaires de nombreuses marques, en les confectionnant comme des fresques, avec l’objectif d’interroger le grand public sur l’utilisation des ressources naturelles.




Grâce à leurs différents points de vue et approches, les artistes apportent de nombreux éléments pour sensibiliser le public. Loin des constats alarmants et visibles à travers le monde, puissance des cyclones, sécheresses ou montée des eaux ; les artistes prennent en main leur rôle de messagers. Mais à travers ce Conclave d’Art of Change, dont le prochain aura lieu en 2020, ils deviennent aussi (enfin ?) acteurs de ce changement vers un monde plus vert.


© Crédits photos: Emy Nassy, Jean Dominique Burton

 

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