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Pour un Plan Marshall de l'employabilité

Engagée sur la mise en place d'une société du plein emploi, Sabine Lochmann, Présidente du Directoire de BPI group, plaide à l'occasion de la journée de la femme - ce jeudi 8 mars - pour un plan Marshall de l'employabilité. Sa démarche prend la forme d'un manifeste, qui reprend les défis et réponses à apporter, co-signé par plus de 60 dirigeantes.

Alors que notre économie renoue avec la croissance – + 1,9 % en 2017 – le chômage de masse continue de stagner (3,7 millions de personnes) touchant particulièrement les jeunes et surtout les femmes. Sortir de ce chômage de masse et réduire l'écart qui s’installe doivent être une priorité nationale.

A l'heure où l'économie tout entière se numérise et se transforme, trop de nos concitoyennes restent sur le bord de la route de la croissance qui se dessine, faute de disposer des compétences attendues par les employeurs. Ces derniers se plaignent régulièrement, ou du manque de compétences adaptées à leurs besoins sur le marché du travail, ou des délais de recrutement de nouveaux salariés, autant de freins à leur productivité et à leur compétitivité.

C’est pour remédier à ces tensions sociales et sociétales que nous appelons à en finir avec ces véritables "zones blanches" où l’offre ne rejoint pas la demande, qui selon certains experts représente 1 million d’emplois ! Les entreprises font massivement ce constat intolérable sur tous les territoires où elles envisagent de se transformer et de se déployer.

Aussi, pour assurer la compétitivité de nos entreprises tout en façonnant la société de demain dans un climat social rénové et apaisé, nous appelons dès le 8 mars 2018 à un véritable "Plan Marshall" de l'employabilité afin de faire évoluer culture et plan d’action.

Il n’est pas contestable qu’il n’y aura pas de performance économique de nos entreprises sans performance humaine. Celle-ci repose sur l'équilibre que chacun trouve dans l’emploi qu’il occupe aujourd’hui et dans la possibilité d’acquérir les compétences qui l'amèneront à l'emploi de demain. Notre mobilisation doit être totale et de tous les instants. 

Sensibiliser à la nécessité de se former


Les femmes, dont le taux d’activité a largement cru au cours des 25 dernières années (+9%) méritent qu’à l’occasion de ce 8 mars 2018 on passe de la célébration à l’action.

Culturellement la femme a tendance à moins se préoccuper de son employabilité que l’homme. La journée de la femme pourrait être l’occasion pour toutes les organisations, entreprises, syndicats, écoles, associations, de les sensibiliser à la nécessité de se former. Elles doivent également prendre conscience qu'il est de leur devoir d’investir sur leur propre employabilité. A cet égard, les universités d’entreprise qui sont près de 200 en France pourraient ouvrir leurs portes ou leurs plateformes digitales dès le 8 mars afin de les y accueillir.

Par ailleurs, il faut renforcer l'information sur l'existence et l'accessibilité des formations. Le 8 mars doit être l’occasion d’un effort de communication et d’information  sur tous les métiers non pourvus en France. Tous les médias, Pôle Emploi, l’APEC comme les autres acteurs privés de l’Emploi, pourraient afficher, ce jour-là précisément, sur leurs sites ces métiers et le moyen d’acquérir les compétences pour les occuper.

Enfin, le rôle des entreprises est déterminant. Elles doivent se mobiliser pour accélérer le développement de l’employabilité et faire des propositions en ce sens à leurs salariées : adaptation,  mobilité interne, auto déclaration des compétences,  certification,  bilan de compétences,  mentorat ou mobilité vers une autre entreprise.

En effet, l’enquête effectuée par Opinion Way pour l’Observatoire du Travail sur les Français et l’Employabilité  en novembre 2016, pointait un écart de 40% entre les projections d’évolution du marché du travail et la perception des risques encourus par les salariés à changer de métier. Nous devons entendre que 80% des actifs interrogés affirmaient n’avoir reçu aucune proposition récente de leur employeur.

Oui, il s’agit de passer de la célébration à l’action : nous, actrices de la vie économique et sociale, dirigeantes d’entreprise et femmes d’influence impliquées dans la vie de la Cité, devons nous mobiliser pour que l’employabilité et la place de l’humain dans nos décisions contribuent à réduire les inégalités hommes/femmes comme à gagner la bataille de la transition vers les nouveaux métiers.

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