Court-métrage

Portraits d'invisibles : le quotidien d'éboueurs pendant le confinement

© Caroline Delboy

Rendues soudainement visibles, certaines personnes aux métiers en temps normal dépréciés et précaires, sont aujourd'hui applaudies. Caroline Delboy réalisatrice de la série de portraits photo et audio « Invisibles », donne la parole aux individus en première ligne de la crise. À l'écoute aujourd'hui, le quotidien d'éboueurs.


Juseke est éboueur à Lyon. 


« On a vraiment l'impression de s'exposer au danger. Le gouvernement nous dit que le virus se transmet de personnes en personnes mais nous avons vraiment peur dès qu'on récupère un sac ou une poubelle. »

« J'ai récupéré des sacs où il y avait des gants et des masques sur les poubelles. »

« Nous avons attendu presque jusqu'à début avril pour avoir des masques. »

« Quelques personnes ont voulu faire fonctionner le droit de retrait, mais notre DRH nous a envoyé un e-mail en nous expliquant que le droit de retrait n'était pas valable : il n'y avait pas de danger grave et imminent. »

Stéphane est ripeur chauffeur pour une société privée à La Rochelle depuis 21 ans. 

« C'est une profession qui est malgré tout très à risque. Si l'on regarde bien les chiffres de la CPN, on fait partie des métiers les plus exposés avec les ouvriers du BTP. »

« Nous avons une espérance de vie estimée à soixante-sept ans. »


« Les gens produisent autant de déchets qu'avant. Pourtant, réduire ses déchets, ça pourrait être pas mal, c'est moins de travail mais ça n'en serait que plus positif pour la planète. Comme utiliser moins de sacs, aller vers une consommation un peu plus raisonnée, acheter moins de produits emballés... »

« Nous n'avons jamais vu autant de cartons dans nos collectes qu'en ce moment. »

Wilfrid est éboueur à la mairie de Paris. 

« C'est peut-être l'un des travails les plus durs. C'est très dur physiquement, très dur nerveusement. » 

« Ce qui nous fait plaisir, ce sont les personnes qui applaudissent quand on passe dans les rues, les petits mots sur les poubelles... »

Christophe est agent de maîtrise pour la ville de Paris. 

« Nous enregistrons aujourd'hui énormément de collègues touchés par le virus. Un peu plus d'une centaine au niveau de la propreté et de l'assainissement à Paris. »

« Pour aider les personnes qui travaillent dans l'assainissement et les métiers de la propreté, il faut bien fermer ses sacs, ne pas obstruer les containers et éviter de jeter ses déchets par terre. »

« Même pendant la crise, nous trouvons des endroits où les gens jettent leurs gants et leurs masques par terre et continuent à avoir des gestes inciviques. »

« Un autre effet loupe de ce virus : l'accroissement des inégalités sociales. Ce sont les salariés les moins bien payés qui sont sur le front et les salariés les mieux payés qui sont en télétravail. Après la crise du COVID-19, il y aura un après, et il faudra prendre conscience que l'on ne pourra plus rester dans ces écarts. »

« En temps normal, s'il n'y avait pas ces métiers, il y aurait des maladies et des rats qui remonteraient à la surface et ce serait insupportable pour les populations. »

« Ces métiers sont essentiels à la société, et encore plus essentiels en cas de pandémie. »

« Il y a aussi les égoutiers, qui sont vraiment invisibles car ils travaillent sous terre. L'entretien des réseaux d'égouts est un métier essentiel à la salubrité publique. Il faut savoir qu'un égoutier part à la retraite avec moins de 1 500 € par mois. »

Soutenez Socialter

Socialter est un média indépendant et engagé qui dépend de ses lecteurs pour continuer à informer, analyser, interroger et à se pencher sur les idées nouvelles qui peinent à émerger dans le débat public. Pour nous soutenir et découvrir nos prochaines publications, n'hésitez pas à vous abonner !

S'abonnerFaire un don