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Mieux vaut tard que jamais : les parisiens vont enfin pouvoir composter leurs aliments!

Depuis le 4 mai, la mairie de Paris distribue des kits de compostage aux habitants du 12ème. Un arrondissement pionnier en la matière, qui doit pourtant faire face à certains débordements.

Il est 18h dans un square de l’est de Paris. A l’entrée, au milieu des immeubles, trône un camion poubelle rutilant. ”Je roule au gaz naturel”, signale le véhicule. Aujourd’hui, la mairie présente sa dernière opération de recyclage, un porte à porte pour encourager les habitants à composter.

Le compostage alimentaire pour les nuls

Ils sont six “ambassadeurs.” Des jeunes en service civique, qui ont reçu trois mois de formation. Leur mission consiste à faire le tour des immeubles autour du square pour distribuer plusieurs dizaines de kits de compostage, les “p’tits bacs”. “On sonne directement chez les habitants, parfois on demande les codes ou les badges aux commerçants d’à côté,” explique Denis, ambassadeur. Le kit, c’est un petit seau marron, un guide qui résume les aliments que l’on peut composter et deux rouleaux de sac poubelles biodégradables. “Ca vous fera environ 6 mois,” dit invariablement Denis aux habitants. “Après, n’oubliez pas d’acheter des sacs avec le sigle compost, c’est vraiment le plus important.” insiste-t-il. “Sinon, ça sert à rien.”

La matière du compost, c’est “tout ce que vous mangez et les résidus du repas. Donc les carcasses de poulet, les crustacés, et même du sopalin, si vous l’avez utilisé pour vous essuyer la bouche.”, préconise Denis. Même les aliments périmés peuvent être jetés dans le compost, “si vous pensez bien à enlever l’emballage.” Mais pas de végétaux: ni plantes vertes, ni fleurs fanées.

Lorsque le seau est plein, le composteur doit soigneusement refermer le sac puis le descendre dans une des nouvelles poubelles marron installées dans les cours d’immeubles depuis le début du mois de mai. Le compost sera ensuite transformé en engrais pour les agriculteurs d'Île-de-France, ou en biogaz, pour les bus et les camions poubelles.

La capitale à la traîne

En 2018, l’application de la loi de transition énergétique forcera les collectivités à valoriser les déchets organiques produits par les particuliers. Si la capitale n’est pas pionnière dans cette démarche, le reste de la France n’a pas attendu pour lancer des initiatives de recyclage de ces déchets. Rennes propose à ses habitants de compostage collectif depuis dix ans! La ville en compte actuellement plus de 400. A Besançon, le SYBERT, syndicat pour le traitement des déchets, offre aux Bisontins des points de compostage publics depuis 2010, et en 2015, la Drôme et l’Ardèche ont créé l’association Compost et Territoire pour accompagner les projets de compostage de la région.


A Paris, les mairies tentent donc de prendre le train en marche. Le 2ème arrondissement a aussi commencé à distribuer le kit de compostage à ses habitants. Dans cet arrondissement, la mairie a commencé le compostage dans des cantines scolaires en 2014. Depuis, 39 tonnes de déchets alimentaires ont été récoltés par an. “39 tonnes de déchets, c’est assez pour produire de l’électricité pour une famille de quatre enfants pendant un mois, affirme le maire écologiste, Jacques Boutault (EELV). “Et il en reste pour faire un peu d’engrais.”

Des terrains d’expérimentations qui ne veulent pas être négligés

Selon la mairie du 12ème, entre 15 et 20% du contenu de la poubelle verte devrait se retrouver dans la poubelle marron. Au lieu de cela, les déchets compostablesestimés à 30kg par an et par habitantsse retrouvent incinérés. Ce n’est pas la première fois que le 12ème arrondissement met le compostage à l’honneur. La maire socialiste Catherine Baratti-Elbaz évoque 40 sites de compost partagés, que la mairie souhaite voire doubler. “A chaque fois qu’on ouvre un site, il y a la queue, et même une liste d’attente pour pouvoir l’utiliser.”

Mais le soir de la présentation du projet, certains habitants tiennent également à ce que la mairie ne perde pas de vue les problèmes qui existent déjà. “Tous les week-ends, c’est un dépotoir, ça donne une image déplorable de la résidence,” souligne la représentante du syndicat de la résidence. En fin de semaine les encombrants non déclarés au service dédié envahissent les rues, un problème dont la mairie assure être consciente: “nos agents sont particulièrement vigilants sur ces infractions, les flagrant délits sont systématiquement punis.”

Quid de l'impact des poubelles à compost sur la salubrité du quartier ? Près des "ptits bacs", au milieu du square, une habitante se plaint de la présence de rats. “Des rats gros comme des chevaux, qui courent partout dans les résidences.” Effectivement, en quelques clics, on se rend compte que les rongeurs sont connus pour être friands des denrées qui enrichissent les composts publics. 

Le choix des arrondissements ne s’est pas fait au hasard. Composés à 70% d’immeubles pour le 12ème et à 60% dans le 2ème, ils ont été sélectionnés pour leur habitat varié. “À l’issue de cette expérimentation, on saura comment ça se passe dans tout Paris. Puis on pourra commencer la phase d’expansion au reste de la ville, avant 2020 si tout se passe bien”, affirme Mao Peninou, adjoint au maire de Paris en charge de la propreté et du traitement des déchets. En attendant, les opérations de porte à porte se poursuivront jusqu’à la fin du mois de juin, le temps que les 120.000 habitants du douzième arrondissement reçoivent leurs petits seaux marrons.

 

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