A compléter

Manifeste pour une sobriété numérique.

L'édito du n°24 de Socialter, en kiosque dès le 8 Août.

Villes intelligentes, «smart grids», transports connectés, domotique, internet de l’énergie et des objets… Face à la crise écologique, le numérique affiche de très belles promesses – souvent relayées par Socialter. Demain, le monde sera résolument plus «smart», notre croissance plus «verte», dans une économie devenue immatérielle. 

Grâce aux données stockées dans le cloud, aux applis sous IA et aux capteurs baignant dans le Wi-Fi, nous consommerons moins d’énergie et en produirons avec moins de ressources. L’humain du futur, léger comme une plume ! Voilà pour l’histoire côté pile. 

Côté face, attachez vos ceintures. Internet, c’est aujourd’hui plusieurs milliards d’individus connectés via 9 milliards d’appareils et 45 millions de serveurs. En 2020, le trafic planétaire devrait avoir triplé de volume par rapport à 2017 et nous devrions être entourés de plus de 50 milliards d’appareils connectés! 

Tout cela a un coût écologique colossal: si l’informatique était un pays, il se classerait au 3e rang des ogres énergivores derrière la Chine et les États-Unis (internet représenterait déjà 7% de la consommation électrique mondiale et émettrait autant de CO2 que l’aviation).

Au-delà de la question énergétique, l’explosion des flux et du trafic entraîne une débauche de terminaux, d’équipements et d’infrastructures réseaux, très consommateurs en matériaux. Pour vous donner un ordre d'idée, la production d’un smartphone de 100 grammes requiert 70 kilos de matériaux, tandis qu’un ordinateur nécessite 240 kilos de combustibles fossiles, 22 kilos de produits chimiques et une tonne et demie d’eau.

«Tout progrès technique se paie» martelait Jacques Ellul, penseur critique du système technicien. 


Internet n’échappe pas à la règle, à la fois remède et poison pour la planète. Et tout le monde est responsable. A commencer par les GAFA dont la raison d'être repose sur l'explosion des échanges et des données. Les consommateurs aussi : selon de récentes estimations, les émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique seraient pour moitié le fait des équipements de consommateurs, pour un quart le fait des data centers et pour 28 % le fait des infrastructures réseau.

Bien sûr “on ne changera pas le monde uniquement avec les consommateurs, s’il n’y a pas en parallèle un soutien réglementaire, normatif, une prise en compte des externalités négatives”, nous rappelle Philippe Bihouix (en Une, lire interview centrale).

Rien ne sert de hausser les épaules ou de baisser les bras, des solutions existent: sobriété numérique, internet low tech, «écogestes IT» (dans ce numéro, vous pourrez en découvrir 8 à appliquer dès aujourd'hui pour être plus sobre)… Consommateurs-internautes, entreprises, États et géants du web devront faire leur part pour que le poids matériel de l’immatériel ne nous fasse pas perdre encore quelques plumes.



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