A compléter

Les intrapreneurs, ces gangsters de l'entreprise

Je m'appelle Soraya, j'ai 24 ans et je parcours la planète à la rencontre d'intrapreneurs, ces héros qui changent le monde depuis leur entreprise. Prenez votre dose d'inspiration !

Des héros ? Oui, car les intrapreneurs mènent des projets qui vont au-delà de leur fiche de poste, au risque parfois de s’attirer les foudres de leur direction. Les foudres, c’est un euphémisme… car dans des organisations ultra-pyramidales, comment accepter qu’un salarié s’exprime pour dire : “Non, je ne veux pas travailler sur ce projet car je n’y crois pas. Je vais plutôt creuser la question de l’accès à l’eau au Kenya et en Afrique du sud car ce problème me touche, me prend aux tripes, et car même si vous ne le voyez pas encore, je suis sûr qu’il y a un marché à développer” ? Ling-Ling Phung, Global Lean Innovation manager chez Unilever, a osé le dire. Avec Kelvin Hughes, ils travaillent désormais sur la problématique de l'accès à l'eau dans les pays en développement.

Ce sont un peu les gangsters de l’entreprise : ils hackent les process, braquent les ressources pour construire des projets auxquels ils croient profondément, qui apportent une vraie valeur ajoutée à leur société et ont un impact social ou environnemental fort. Ainsi, Humberto Sardenberg, Marketing manager et intrapreneur chez l'assureur brésilien Icatu Seguros, me confie : “Officiellement, la start-up que j’ai montée au sein de l’entreprise, c’est moi et des feuilles Excel. Officieusement, tout le monde m’aide, tout mon réseau interne est en marche.

Rencontrer ces hommes et ces femmes, c’est une vraie bouffée d’air frais. Ce sont des gens qui redonnent de l’espoir en l’humanité, en notre capacité à avancer vers un monde meilleur. De Londres à Rio, les intrapreneurs ont un jour pris le risque de s'exposer, de mettre en danger leur réputation pour des causes qui leur tiennent à cœur : “Je sais que ce que je fais est juste. Je ne pourrais pas faire autre chose”, affirme David Spears, analyste et intrapreneur chez Barclays. Des héros, vous dis-je !


Les business models du futur


C’est extraordinaire de rencontrer des personnes qui se sentent exactement à leur place. Des acteurs qui ont réussi à l’intérieur d’une grande entreprise, aussi bureaucratique et contraignante soit-elle, à trouver le “truc” qui les rend heureux de se lever tous les matins. Ils ont su identifier les grands défis du monde et sont parvenus à faire entendre leur voix, à montrer leur détermination à travailler pour bâtir leur vision du monde, tout en y impliquant leur entreprise.

Intrapreneur chez Tesco, Kené Umeasiegbu y croit : “Il y a des problèmes qui me préoccupent sur cette planète et je crois profondément que je peux agir pour créer des solutions.” Au cœur d'une des entreprises les plus puissantes de la grande distribution, les petits changements qu'il parvient à mener, en tant que responsable du changement climatique et de l'agriculture durable, pourraient avoir des impacts importants.

Finalement, les intrapreneurs créent les business models du futur en provoquant aujourd’hui au sein des entreprises les évolutions dont elles auront besoin pour exister demain. Crises économique, financière, migratoire, environnementale… nous vivons une époque charnière qui demande à se réinventer, et à réinventer l’entreprise.

Bien loin des grands discours, les intrapreneurs sont finalement ces salariés qui ont la bougeotte et ne se satisfont pas du statu quo et des beaux discours sur le social business ou le développement durable. Ce sont des acteurs du changement parce qu’ils agissent.


Des talents à valoriser


Et ça fait du bien ! Du bien de rencontrer des gens qui disent que c’est possible, non parce qu’ils l’ont lu dans Challenges mais parce qu’ils l’ont fait : ils croient en leur entreprise et sont persuadés que celle-ci peut participer à la construction du monde de demain en conjuguant apport de valeur, business et impact.

Alors ils agissent et transforment leur vision en réalité sans attendre la permission. “Les intrapreneurs voient chaque crise, chaque problème, comme une opportunité pour leur entreprise de faire du business différemment, de faire mieux qu’avant”, souligne Milan Samani, fondateur de l’entreprise de consulting The Intrapreneur Lab.

Les intrapreneurs sont rarement reconnus dans leur entreprise ; ils sont isolés, peu aidés, parfois rejetés. L’une d’eux m’a téléphoné deux jours avant notre rendez-vous pour m’annoncer qu’elle venait de se faire licencier. Plusieurs autres ont quitté leur entreprise. Ce sont pourtant des talents qu’il faut identifier, outiller, valoriser, soutenir.

Je rêve d’entreprises qui, en plaçant les intrapreneurs au cœur de leur stratégie, redonnent le pouvoir à l’humain et évoluent vers des modèles plus durables alliant business, sens et impact positif. Me voilà donc à interviewer des gens qui inspirent et donnent de l’espoir à toutes les générations.

 

Pour prendre votre dose d’inspiration, suivez l’Intrapreneurship Tour sur FacebookLinkedIn ou Twitter @socintratour

 

Soutenez Socialter

Socialter est un média indépendant et engagé qui dépend de ses lecteurs pour continuer à informer, analyser, interroger et à se pencher sur les idées nouvelles qui peinent à émerger dans le débat public. Pour nous soutenir et découvrir nos prochaines publications, n'hésitez pas à vous abonner !

S'abonnerFaire un don

Abonnez-vous à partir de 3€/mois

S'abonner
NUMÉRO 62 : FÉVRIER -MARS 2024:
L'écologie, un truc de bourgeois ?
Lire le sommaire

Les derniers articles