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La vie est Belt : des pneus usagés en guise de ceinture

A Tourcoing, dans le département du Nord, Hubert donne une seconde vie aux pneus de vélos. Un projet écologique à dimension sociale, qui s'appuie sur l'emploi de personnes fragilisées par un handicap.

Transformer des pneus de vélos usagés en ceintures, c’était le pari un peu fou de Hubert, jeune entrepreneur Lillois aujourd’hui âgé de 24 ans et fondateur de la marque d’accessoires de mode La vie est Belt. Son objectif : favoriser le recyclage et l'emploi durable de personne en situation de handicap tout en favorisant une production en circuit court depuis son Nord natal.


© Olivier Touron / Divergence

Le projet prend racine à plusieurs milliers de kilomètres de là, à Bogota, en Colombie. Hubert s’y installe au printemps 2016 pour 7 mois afin de terminer ses études d’ingénieur. Là-bas, à proximité de sa colloc de baroudeurs venus des quatre coins du monde, il anime des ateliers dans des bidonvilles et découvre des quartiers où les déchets s’accumulent et où la misère infuse.

Fort de 3 ans d’expérience comme ingénieur produit chez Wedze-Décathlon, Hubert commence alors à songer à un produit du quotidien utile, qui ait un impact positif.

Les pneus de vélos usagés, toujours incinérés mais jamais recyclés, lui donnent l’idée de transformer ce déchet en un produit de quotidien, utile au plus grand nombre et simple à produire : ainsi est née l’idée de la ceinture en pneu recyclé.

Réduire la pollution et favoriser l'emploi local


De retour à Lille, Hubert se lance alors dans la fabrication des fameuses ceintures écolos.
"Je me suis rendu compte qu’on retrouvait ces mêmes problématiques en France ; de plus en plus de pollution, des tas de pneus usagés mais aussi des entreprises adaptées expérimentées sur notre territoire", raconte le jeune entrepreneur.



Il commence par faire le tour de la ville à vélo pour ramasser les vieux pneus laissés à l’abandon et, armé de ses deux mains et d’un découpe bande, c’est dans la cave de sa collocation lilloise qu’il monte son premier atelier et crée sa marque : La vie est Belt ("belt" signifiant "ceinture" en anglais)

Les ceintures sont fabriquées à 99 % à partir de pneus récupérés et nettoyés, puis complétées par une boucle conçue en Espagne, et des rivets importés d’Italie. Les chutes de production se transforment quant à elle en porte-clés, "pour aller au bout de la démarche de recyclage", et le tout est vendu dans un sac en tissu de rideau recyclé "pour garder une cohérence écologique".



Après avoir amélioré le produit, la technique et le process de fabrication au contact de nombreux fabricants et artisans cuir, Hubert entreprend de transmettre son savoir-faire, pour donner au projet la dimension sociale qui lui tenait à coeur en premier lieu.

Six mois après le début de l’aventure, au début de l’été 2017, La Vie est Belt conlut un partenariat avec AlterEos, une structure basée à Tourcoing employant des personnes fragilisées par un handicap.

Hubert forme Christophe, salarié d’AlterEos à la confection des ceintures, rejoint par deux autres personnes pour répondre à la demande liée aux vente de Noël.  

 

Bientôt des bretelles en chambre à air

 

À l’image de l’équipe, la production s’agrandit : la Métropole de Lille et le groupe Ramery s’associent à La Vie est Belt qui s'approvisionne désormais dans quelques 12 déchetteries partenaires.

Un peu plus de 1 200 ceintures ont été déjà vendues sur la boutique en ligne et dans les 8 magasins partenaires de la marque, à Bruxelles, Lille, Lyon et Paris. "C’est encourageant, ça prouve que les gens adhèrent au projet", s’enthousiasme Hubert.

Une affaire qui roule et qui n’est pas prête de s’arrêter, puisque Hubert ne manque pas d’idées. La gamme de produits devrait bientôt s’élargir en proposant des bretelles conçues à base de chambre à air.

S’il est tout particulièrement attaché à son Nord natal et à la production locale, l’enfant du pays n’exclut pas d’ouvrir par la suite d’autres antennes de production locales en France, pour collecter plus facilement et favoriser le circuit court. Et puis pourquoi ne pas exporter l’activité à Bogota, là où l’idée a germé ?

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