Carnet de crises

La colère de la terre lorsque le feu danse sur l'eau

Chez les Aborigènes, chaque femme et homme est gardien de sites sacrés qui assurent l'équilibre entre les animaux, les plantes, les minéraux et les phénomènes climatiques. Mais la spoliation de ces peuples pour raison supérieure d’extractivisme a amorcé le temps des catastrophes, alerte l’anthropologue Barbara Glowczewski. Alors ces gardiens et gardiennes se soulèvent et en appellent à de nouvelles alliances dans ce conflit aux frontières planétaires.

« Prenez le temps, vous les gens du gouvernement, juste écoutez-nous. La rivière est comme une famille. Quand on veut la visiter “ils” [les êtres vivants qui la composent] sont heureux. Tout ce que la rivière veut est que les gens la visitent. Juste visitez, parlez, faites leur savoir que vous êtes là. On ne sait jamais, la pluie pourrait revenir. »Ainsi parle Illiam Nargoodah, jeune gardien traditionnel de la rivière Martuwarra qui, depuis des millénaires, arrose les terres d’une trentaine de groupes de langues différentes du nord-ouest de l’Australie. Ce bassin drainant de la Fitzroy – qui abreuve après chaque saison des pluies une multitude d’êtres vivants (animaux, plantes, minéraux et esprits) – attire toutes les convoitises : depuis le détournement de son eau pour approvisionner les villes du Sud, aux projets d’agriculture intensive ou de milliers de forages pour le gaz de schiste. Ses gardiens et gardiennes se mobilisent contre les risques de son assèchement accéléré. Marlikka Perdrisat, jeune juriste qui a grandi dans la culture nyikina, réalise des clips militants pour que la rivière Martuwarra, à qui elle dit appartenir, soit reconnue comme être vivant au nom de la loi d’alliance sacrée Walangarri d’interconnexion entre tous les êtres qui l’habitent. Sa mère, Anne Poelina, a participé au Tribunal des droits de la nature à Sydney pour défendre la rivière et...

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