Qu’est-ce qui a motivé Autonomes ?
J’avais réalisé le documentaire précédent, N’importe qui, en Mayenne également. En écumant ce département, j’ai pris conscience de sa bizarrerie. On y trouve de nombreuses pratiques alternatives très différentes : de jeunes urbains qui viennent s’installer pour gagner en autonomie et, à côté, des pratiques interstitielles et occultes plus traditionnelles, immémoriales : guérisseurs, sourciers, énergéticiens, médecine par les plantes, etc. J’ai eu envie de faire un documentaire qui ferait le pari de montrer ensemble ces deux voies alternatives, sans anticiper sur ce qui peut se jouer entre elles. D’un côté, l’axe des « guérisseurs » ; de l’autre, des anarchistes objectifs comme ces jeunes hommes qui développent un projet d’autonomie agricole. C’est au spectateur de tisser ensuite des liens. La continuité de tout ça reste discutable, mais c’est fait pour – le montage a cette fonction-là au cinéma : voir ce que deux images collées l’une à côté de l’autre peuvent donner. On verra si les gens trouvent complètement incongru d’avoir une scène de magnétisme à côté d’un café alternatif qui tente de survivre dans une forme d’autonomie économique.
Pour laisser s’exprimer la capacité d’interprétation et l’intelligence du spectateur ?
Oui, ou tout simplement la perception : qu’est-ce que ça fait au corps du spectateur ? Ça, je ne peux pas en préjuger. J’ai moi-même découvert des choses au montage. Ce...