A compléter

L'agroécologie devrait rendre l'alimentation européenne durable d'ici 2050

Une nouvelle étude publiée par l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) propose un modèle agricole durable pour l'Europe à l'horizon 2050. Basé sur les principes de l'agroécologie, il serait viable à condition de modifier nos habitudes alimentaires.

Le système alimentaire européen actuel n’est pas durable, mais à en croire le rapport du 13 septembre de l’Iddri, il est encore temps d’en changer. La solution ? La généralisation de l’agroécologie, qui implique notamment l’abandon des pesticides et de fertilisants de synthèse. Aujourd’hui, l’agriculture intensive repose sur un usage massif d’intrants chimiques et sur des techniques qui nuisent à la biodiversité : « en l’espace d’une génération, 20% des oiseaux communs ont disparu et certaines régions déplorent la disparition de ¾ des insectes volants », précisent les auteurs du rapport.

Leur scénario permettrait quant à lui de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur agricole de 40% par rapport à 2010, mais aussi de mieux protéger la biodiversité et les ressources naturelles (sols, eau…). Baptisé TYFA (Ten Years For Agroecology), il vise à engager, en dix ans, « un mouvement qui rende cette perspective envisageable en 2050. » 

Produire moins et mieux


Le passage de l’agriculture intensive à l’agroécologie implique de revoir notre rapport à la nature. Il s’agit, selon les chercheurs, de «
retrouver une fonctionnalité des agro-écosystèmes valorisant aux mieux la vie biologique des sols ». Concrètement, cela se traduit par le recours à la rotation des cultures (au lieu des monocultures), à l’utilisation du fumier plutôt que des engrais chimiques pour fertiliser les sols, au développement de l’élevage extensif, et au développement d’infrastructures agroécologiques (haies, arbres, mares…). Ces dernières constituent des habitats naturels pour la biodiversitén, et contribuent à limiter l’érosion des sols et à améliorer la qualité de l’eau.

Une telle révolution agricole entraînerait toutefois des baisses de rendements allant de 10 à 15%, selon cette étude qui évoque la possibilité d'une augmentation des coûts de production pour les agriculteurs, ainsi qu’une hausse des prix pour les consommateurs. Le défi serait donc avant tout social et politique : « comment rendre la transition agroécologique souhaitable et la plus juste possible d’un point de vue social/sociétal ? », s’interrogent les auteurs du rapport.

Une alimentation durable et saine


Dans le scénario qu’ils proposent, cette baisse de la productivité pourrait être compensée par la modification des régimes alimentaires européens. Plus sains, ceux-ci seraient moins riches en produits animaux (viande et produits laitiers) et en sucre mais davantage en fibres, fruits et légumes. Une alimentation plus équilibrée, basée sur les recommandations nutritionnelles en vigueur, qui contribuerait au passage à réduire les problèmes d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires. 


©Iddri

Vers une Europe (plus) autonome


«
Si les bénéfices de TYFA sont centrés sur l’Europe, les enjeux globaux ne sont pas pour autant sacrifiés dans le passage à une Europe agroécologique – qui n’en devient pas par ailleurs autarcique », précise le rapport. Avec moins de produits animaliers consommés, c’est aussi moins de céréales consommées pour nourrir les animaux, ce qui libère un surplus destiné à « fournir un stock mobilisation en cas de crise alimentaire, en particulier dans la zone méditerranéenne. »

Au-delà du maintien voire de la hausse des capacités d’exportation prévues dans ce modèle (en céréales, en vin et en produits laitiers), l’agriculture européenne devrait être aussi moins dépendante des importations (35 millions d'hectares de soja importées chaque année) – ce qui devrait permettre à l'Europe de limiter son impact sur la déforestation. 

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