Vous avez, au printemps, signé un texte (1) évoquant le confinement comme « un ultime aboutissement, emblématique, du destin d’Homo sapiens à partir du moment où il a décidé de devenir sédentaire ». La civilisation serait-elle une sorte de grand confinement ?
Les chasseurs-cueilleurs se déplaçaient chaque jour sur des dizaines de kilomètres pour trouver de la nourriture, mais aussi de façon saisonnière en fonction des ressources – la seule exception étant les chasseurs-cueilleurs proches des milieux marins, dont l’abondance permettait une certaine sédentarité. Mais la période néolithique, caractérisée par l’émergence de l’agriculture et la sédentarisation, bouleverse tout : on vit désormais dans des habitats en dur et on parcourt des distances beaucoup plus faibles pour cultiver ou faire paître les animaux. C’est cette concentration inédite d’humains et de bétail qui est à l’origine des zoonoses (2). Si les maladies ont toujours existé, le néolithique marque le début des épidémies, puisqu’auparavant une contamination n’éliminait qu’un petit groupe d’humains tout au plus. Or, un tel événement qui advient dans des ensembles urbains de plusieurs milliers de personnes est automatiquement plus dévastateur. Dans le même temps, la ville confine car vous n’avez plus besoin d’en sortir,...