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Jean Bouteille et Back Market : deux ambassadeurs du zéro déchet

Bouteilles consignées et reconditionnement de produits high tech : les entreprises Back Market et Jean Bouteille innovent dans le zéro déchet.

Cet article a été initialement publié dans le hors-série n°4 de Socialter consacré au Zéro Déchet, paru en mai 2018. Retrouvez-le actuellement en kiosque.

 


Back Market, l’ambassadeur du reconditionné

 

Dépenser près de 1 000 euros pour se procurer l’iPhone X ou le Samsung dernier cri est un investissement aussi coûteux pour le porte-monnaie que pour l’environnement. Les produits reconditionnés peuvent offrir une solution à moindre coût et sans déchets supplémentaires.

C’est précisément sur ce créneau qu’a choisi de se positionner Back Market. L’entreprise française, cofondée en novembre 2014 par Thibault Hug de Larauze, Quentin Le Brouster et Vianney Vaute fournit via sa plateforme en ligne plus de 200 000 références de produits high tech et électroménagers reconditionnés. 



Si les smartphones représentent 75 à 80 % du volume des ventes sur la plateforme, Back Market propose d’autres produits high tech, petits et gros électroménagers. «
Notre ambition de départ, c’est de porter le savoir-faire des usines de reconditionnement et de faire comprendre au grand public que les produits reconditionnés ne sont pas tombés du camion, mais sont des produits de qualité remis en parfait état de marche », explique Vianney Vaute.

Cette « place de marché » fait office d’intermédiaire entre les clients et ses quelques 270 marchands reconditionneurs partenaires. Une fois branchées à la plateforme, les usines de reconditionnement – qui s’engagent à respecter une charte de qualité établie par Back Market – sont notées et classées selon différents critères : taux de livraison, de retard, meilleur rapport qualité/prix, etc. « On ne se contente pas de jouer un rôle d’intermédiaire neutre, mais on se positionne comme tiers de confiance, poursuit le cofondateur. On se perçoit à la fois comme les ambassadeurs et les gendarmes des reconditionneurs. »

Success story française, Back Market est implantée depuis deux ans en Espagne, en Italie, en Belgique et en Allemagne, et elle travaille avec des reconditionneurs locaux. Les 270 usines aujourd’hui partenaires sont réparties pour les trois quarts d’entres elles en France, et le reste principalement entre l’Espagne et l’Allemagne.

 

336 tonnes de déchets électroniques en moins

 

Un gain économique pour le client : pour une qualité comparable au neuf, les prix sont en moyenne entre 40 à 50 % moins chers, et peuvent être jusqu’à 70 % inférieurs selon l’ancienneté des produits. Des prix au rabais pour un chiffre d’affaires en pleine ascension : en 2015, Back Market a permis à ses partenaires de réaliser 3 millions d’euros de ventes. L’année suivante ce chiffre s’est élevé à 30 millions d’euros puis a triplé en 2017, portant le volume des ventes à 96 millions d’euros en 2017.

La plateforme prélève au passage un commission de 10 % sur les ventes. Mais le gain est aussi écologique : un appareil reconditionné acheté, c’est un appareil neuf en moins à produire. Le modèle du reconditionné défendu par Back Market contribue ainsi à préserver la planète et à réduire l’impact écologique des produits high tech et électroménagers.

En un peu plus de trois ans, la plateforme aura permis d’éviter 336 tonnes de déchets électroniques, soit le volume de produits vendus depuis le lancement du site et remis en circuit. «
Quand on sait que chaque Français produit en moyenne 21 kg de déchets électroniques chaque année, on se dit qu’il y a encore du boulot », tempère Vianney Vaute. Dernier projet sorti des cartons : Back Market s’apprête à lancer un « Back Label » conçu pour récompenser les marchands les plus performants en termes de qualité-prix. Deux usines sont actuellement en cours de labellisation en France. Prochaine étape pour la start-up française : devenir une référence mondiale en matière de reconditionnement.

 

Jean Bouteille : moins d’emballages pour moins de déchets



« L’idée m’est venue en 2012, à l’heure où commençait à émerger une conscience zéro déchet. J’ai constaté qu’il y avait beaucoup de vrac sec et peu de liquide, notamment en raison de la difficulté de se séparer des contenants traditionnels », raconte Gérard Bellet, fondateur de Jean Bouteille.



Fin 2014, après avoir mûri son projet et lancé une campagne de financement participatif qui lui permet de récolter 20 000 euros, l’entrepreneur d’origine picarde peut enfin concrétiser son idée. L’objectif de l’entreprise : favoriser la vente de liquide en vrac en développant les consignes sur les bouteilles en verre de façon à réduire l’impact environnemental de notre consommation quotidienne.

Car le problème est réel. Selon les chiffres de l’Ademe, le verre représente 46 kg des déchets produits chaque année par habitant. «
Ce chiffre considérable est dû à notre mode de consommation : les emballages en verre sont aujourd’hui utilisés une seule fois, puis jetés. S’ils sont recyclés, le recyclage du verre consomme beaucoup d’eau, d’énergie, requiert du transport et l’utilisation de ressources non renouvelables », explique Gérard Bellet.

Grâce à la consigne, le consommateur peut s’approvisionner de façon moins coûteuse – l’emballage traditionnel représentant entre 20 et 25 % du prix final du produit – et plus écologique. Il réutilise sa bouteille autant de fois que souhaité avant de la déconsigner en magasin. Jean Bouteille peut à ce moment-là  racheter les bouteilles si le magasin ne souhaite pas gérer le lavage sur place. Celles-ci sont alors récupérées et distribuées dans la station de lavage la plus proche ou dans un établissement d’aide par le travail (ESAT) partenaire, avant d’être remises en circulation. Plus de 32 000 bouteilles ont ainsi été sauvées de la poubelle en 2016, l’équivalent de 16 094 kg de déchets.



Conquérir la consommation de masse

 

Moins de quatre ans après la création de Jean Bouteille, 400 magasins – épiceries 100 % vrac, magasins bio et commerces de proximité – sont d’ores et déjà équipés de fontaines de vrac liquide. Celles-ci peuvent être alimentaires (huile*, vinaigre, vin et spiritueux) et non alimentaires (lessive, produits d’entretien, produits cosmétiques). La gamme disponible s’adapte aux différents types de commerces, selon leur superficie et les produits souhaités.

Pénétrer la consommation de masse n’est pourtant pas une mince affaire tant il est difficile d’imaginer les super et hypermarchés renoncer au pré-emballé pour des raisons aussi bien commerciales que logistiques. « Le liquide en vrac demande indéniablement plus d’organisation pour les distributeurs, concède Gérard Bellet. Pour les plus gros cela demande même un changement de fonctionnement logistique ».

Alors que les supermarchés s’équipent de plus en plus de caisses automatisées, comment faire pour intégrer cette nouvelle façon de consommer au moment de l’encaissement ? La machine ne saurait pas si la bouteille a déjà été consignée ou si c’est la première fois que l’utilisateur s’en sert. Il y a donc une possibilité de tricher qui peut décourager certains magasins d’adopter la démarche.

Assurer une présence à l'international 

Pour autant, Gérard Bellet estime que le vrac est une alternative de consommation qui séduit de plus en plus. «
Le consommateur se sent impliqué, il est libre de choisir la quantité qu’il désire et de se servir seul. Cette dynamique tend à percer ». Les chiffres semblent lui donner raison. Aujourd’hui à l’équilibre financier, Jean Bouteille effectue actuellement une deuxième levée de fonds.

Après avoir réalisé 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires en 2017, contre 500 000 euros l’année précédente, Gérard Bellet espère voir son entreprise atteindre cette année les 2,2 millions d’euros. L’entreprise lilloise, qui compte aujourd’hui 20 membres, ambitionne par la suite de développer un meuble pour la bière.

Prochain objectif en 2018 : étendre sa présence à l’international en développant son réseau de magasins partenaires «
pour offrir au plus grand nombre la possibilité de réduire ses déchets. »


 

 

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