Elle nous barre le chemin, plantée au milieu d’une route bitumée. En position défensive avec ses grosses pinces levées et ouvertes, elle semble nous défier de toute sa couleur rouge vif. Le gros plan de la photo donne à voir ses antennes longues et fines, ses yeux noirs, et ses pièces buccales retroussées et patibulaires.
Depuis l’été dernier, ce type de cliché d’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) abonde dans la presse française et sur les réseaux sociaux. Avec des titres alarmants et soulignant souvent la volonté prétendument machiavélique de l’animal venu d’Amérique : « Près de Nantes, les écrevisses débarquent dans les bourgs », « Les écrevisses profitent des orages pour envahir la Loire-Atlantique et la Vendée », « Elles sont partout ! », et même « Ça faisait crac, crac, crac sous les pneus ».
Article issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.

Et pour cause. Les pics de population semblent, localement au moins, et le plus souvent dans l’ouest de la France, spectaculaires. Deux unités de mesure sont utilisées pour les décrire. La tonne d’abord, puisque les gestionnaires et naturalistes ne comptent plus le nombre d’individus mais les milliers de kilos d’écrevisses sortis par cours ou plan d’eau. La poubelle en plastique, ensuite, puisque les pêcheurs amateurs – dotés d’un permis, c’est obligatoire –...