Il y a les selfies et les vidéos de bain de foule de Jordan Bardella devant les étals de fromages de la foire de Poussay (Vosges) ou de Vesoul (Haute-Saône)… Et ceux de tous ses épigones, comme le nouveau député Rassemblement national de la Drôme Thibaut Monnier, proche de Marion Maréchal, postant sur ses réseaux une photo tout sourire aux côtés des membres de la « Noble Confrérie de la Truffe Noire ».
Article issu de notre n°67 « Résistances rurales », disponible en kiosque, en librairies et sur notre boutique.
Sur tous les écrans, l’extrême droite se donne inlassablement à voir comme la représentante naturelle de la France rurale, présentée comme le conservatoire de l’identité nationale. Et de fait, le Rassemblement national, désormais premier parti de France en nombre de voix, comme en nombre d’élus (124 députés, contre 89 en 2022), surperforme en moyenne dans les territoires ruraux, où réside un électorat plus âgé et moins diplômé. Au premier tour des législatives de juin 2024, sept des dix millions de voix captées par le RN proviennent ainsi de communes de moins de 10 000 habitants, où le parti rafle autour de 40 % des suffrages.
La gauche rassemblée domine quant à elle dans les métropoles, où elle reçoit l’adhésion massive des étudiants, des jeunes diplômés mais aussi des banlieues populaires. Mettant en perspective cette structure sociale clivée des électorats dans leur livre Une histoire du conflit...