A compléter

En Italie, il était ouvrier du plastique. De retour au Sénégal, il est devenu éco-entrepreneur.

L'immigration, un phénomène hyper-médiatisé? Pas vraiment. Car aujourd'hui, elle est principalement considérée comme un moyen d'échapper à la pauvreté ou à la guerre. Nous oublions souvent un aspect non négligeable, et bien plus positif, de ces mouvements démographiques: la migration de retour.

1 immigré sénégalais sur 3 revient vivre dans son pays dans les dix ans ayant suivi son départ.
 Karou Diaw fait partis de ces migrants de retour au pays. Il est encore enfant quand il quitte le Sénégal avec ses parents pour la France — une obligation familiale. Très tôt intégré dans ce nouveau pays, il y passe son adolescence et ses études jusqu’à son départ pour l’Italie à l’âge de 18 ans où il y rejoint son frère. Là-bas, il trouve rapidement un travail d’ouvrier dans une grande entreprise et fonde une famille avec sa femme italienne. Poussé par le devoir de subvenir à leurs besoins, il multiplie les heures supplémentaires et s’investit pleinement dans ses activités.

«Mon séjour en Italie m’a permis de bien comprendre le milieu du travail et le métier que je fais.»

Karou acquiert ainsi des compétences techniques grâce auxquelles il apprend à maîtriser la production plastique. Aussi, cette expérience lui permet peu à peu de mettre de l’argent de côté, dans l’optique de développer son futur projet.

Il s’achète des machines de production de plastique, réunit ses affaires et sa famille et décide de retourner au Sénégal. Le premier pas est fait. En tête, l’idée de créer son entreprise de production et d’installation de tuyaux goutte-à-goutte et de gaines électriques à partir de plastique recyclé (1).




«Pour moi, le système d’immigration sert à ça: aller faire une expérience et la rapporter dans son propre pays.»

Karou n’est pas une exception. Comme lui, nombreux sont ceux qui décident un jour de retourner dans leur pays d’origine, après avoir profité d’une expérience étudiante ou professionnelle à l’étranger. Leurs raisons sont évidemment très personnelles. Cependant, certaines servent l’intérêt commun: revenir aider sa communauté d’origine, répondre aux besoins de la société, aider au développement de son pays...
La création d’entreprises sociales est donc une solution employée par certains d’entre eux pour faire profiter à leurs concitoyens de leurs expériences acquises. Qui de mieux qu’un sénégalais pour répondre aux défis du Sénégal?
Bien sûr, la réadaptation à ce nouvel environnement n’est pas toujours facile. Ainsi, Karou doit sacrifier une grande partie de ses nuits dans sa petite usine, l’électricité n’étant pas suffisamment stable en journée pour assurer la production.


Pas besoin de faire de longues études pour avoir un impact positif sur le monde.

Loin des réalités de l’Europe, cet entrepreneur dynamique a pourtant fait un choix qu’il ne regrette pas. Au travers de ses activités, il donne un sens à son action, rempli d’une détermination et d’une débrouillardise à toutes épreuves. Et ses efforts sont payants. Son activité a une réelle influence sociale: elle permet de fabriquer des tuyaux recyclés jusqu’à 80% et de faires de conséquentes économies d’eau. En plus de son impact environnemental, il participe à la sensibilisation dans les écoles concernant la pollution plastique.

L'exemple de Karou Diaw montre que l'immigration offre aussi de belles perspectives de développement dans les pays émergents. Encore faut-il prendre le temps d’observer les conséquences des flux migratoires à plus long terme, et se détacher des points névralgiques que sont devenues nos frontières. 


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Maxime Delacourt et Simon Chaillou, étudiants ingénieurs de Grenoble, sont partis 5 mois en Afrique de l'ouest à la rencontre d'entrepreneurs sociaux inspirants pour partager leurs solutions et leur histoire avec les étudiants africains. Ainsi, l'équipe de Ricochets réalise des supports de cours et des ateliers à destination des écoles d'ingénieur et de commerce partenaires  dans la région. 

(1) Il a monté son entreprise avec le soutien de la fondation Néérlandaise Aqua for All en suivant son programme "VIA Water", ainsi que le centre de recherche Deltares, en collaboration avec LVIA.

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