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Économie circulaire : penser en rond pour renouer avec la croissance ?

Du 14 au 16 septembre 2015, se tiennent les États Généraux de l'économie circulaire du Grand Paris. Le développement de l'économie circulaire permettrait aux pays européens de réaliser 1800 milliards d'euros d'économies, d'augmenter la croissance de 7 points tout en ayant un impact positif sur l'emploi, estime une étude du cabinet de conseil américain McKinsey réalisée en septembre.

L’Europe pourrait sortir de la crise en exploitant mieux ses ressources, affirme le cabinet de conseil McKinsey & Company, qui s’est penché sur les trois secteurs économiques correspondant aux principaux besoins humains, à savoir le transport, l’habitat et l’alimentation. Ceux-ci représentent en effet 60% des dépenses des ménages européens et 80% de l'utilisation des ressources. Et ce sont également des secteurs où le gaspillage est considérable : en Europe, 31% des denrées alimentaires s’évaporent le long de la chaîne de valeur, les automobiles restent stationnées 92% du temps, et les bureaux sont quant à eux en moyenne occupés 35% à 50% du temps seulement, y compris durant les heures de travail, constate l’étude intitulée «Europe’s circular economy opportunity». «L’économie européenne est étonnamment gaspilleuse dans sa façon de créer de la valeur, et tout concourt à faire perdurer ce système», tranchent les auteurs.

Pour l’ensemble des trois secteurs de la mobilité, de l’alimentation et de l’habitat, McKinsey & Company estime que les modes actuels de production et d’exploitation des ressources coûtent aux gouvernements, aux entreprises et aux particuliers européens 7200 milliards d’euros chaque année. Pourtant, des solutions existent, qu'il s'agisse de technologies innovantes ou de business modèles destinés à encourager une meilleure utilisation des ressources. L’étude estime qu’il serait ainsi possible de réduire ces coûts à un total de 5400 milliards d’euros d’ici 2030 (au lieu de 6300 milliards dans le scénario actuel, soit une économie de 900 milliards d’euros d’ici 2030). 


(crédits : Renault/DR)


Nouvelles opportunités  

Les acteurs de l’économie européenne ne semblent pas avoir pris la mesure de l’importance de l’économie circulaire, dont le concept va bien au-delà du recyclage et de l’énergie verte, notamment grâce aux nouvelles technologies. Pour le secteur de la mobilité par exemple, l’auto-partage, les véhicules électriques, la conduite autonome et sans conducteur, ou encore l’utilisation de meilleurs matériaux permettraient de faire chuter le coût moyen d’une voiture au kilomètre de 75% d’ici 2030.

Par ailleurs, en ce qui concerne le bâtiment, les maisons à énergie passivecontribueraient à réduire la consommation d'énergie de 90%. Les ménages, qui auraient par conséquent des factures moins lourdes à la fin du mois, verraient leur pouvoir d’achat augmenter — ce qui encouragerait la relance la consommation, et influerait donc positivement sur la croissance.

Marché unique numérique 

Si le passage d’une économie linéaire à une économie circulaire suppose une prise de conscience des acteurs économiques, elle doit également passer par le politique : les auteurs de l’étude insistent en effet sur l’importance cruciale de croiser les échelles institutionnelles (la ville, la région, l’Europe) dans l’optique d’une gouvernance efficace.

L’étude préconise de lever certaines réglementations qui empêchent les divers acteurs économiques européens de travailler en synergie, notamment dans le secteur des nouvelles technologies. McKinsey salue en ce sens la volonté affichée de la Commission européenne de construire un marché unique numérique en Europe, où pour l’instant, chaque pays possède ses propres règles en matière de télécommunications, de droits d’auteur, de protection des données ou de gestion du spectre radioélectrique. Ainsi, fluidifier les réglementations à échelle de l’Union européenne permettrait de rationaliser les échanges de biens et de services, et de rendre les processus de production plus efficaces, ce qui in fine générerait de l’emploi.

À plus court terme, une bonne gouvernance à échelle de l’UE est impérative pour anticiper et rationaliser les coûts de R&D, d’infrastructures, mais aussi les investissements, les subventions, etc.

En clair, pour McKinsey, la solution se trouve dans une meilleure gouvernance libérale plus que dans une révision de nos modes de consommation.

 









 

 

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