Grâce à ces quelques mètres carrés suspendus, qui isolent et exposent à la fois, on met le nez dehors… tout en restant chez soi. Le balcon relève de la sphère privée, de l’intime, mais sa projection en dehors de la façade, dans l’espace extérieur, lui confère un aspect quasi public. « C’est un espace de dualités », résume Colette Le Bourdonnec. Au sein de l’agence nantaise l’Atelier du Lieu, cette architecte prône un « droit au balcon ». Si l’expression peut prêter à sourire, concède-t-elle volontiers, elle se traduit en actes : projet après projet, Colette Le Bourdonnec bataille pour défendre cet appendice de façade. À Niort (Deux-Sèvres), au quartier du Clou-Bouchet, l’Atelier du Lieu a ainsi réhabilité deux bâtiments d’habitat social en les augmentant de vastes balcons portés par une structure métallique qui offrent aux résidents un point de vue sur le paysage, la rue et le voisinage. Des espaces extérieurs privatifs qui ne relèvent ni d’un confort superflu, ni d’un accessoire de luxe, insiste l’architecte. « Être dehors est un droit fondamental, la crise sanitaire nous l’a rappelé. Un logement n’est pas une prison, et l’enfermement n’est pas une fatalité de l’habitat en milieu dense », soutient-elle. Qui aurait cru que le balcon, à l’origine simple poutre soutenant une saillie en façade – de balcone, en italien, ou balko, en lombard –, traverserait les âges et deviendrait presque une condition sine qua non de l’habitat...