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Comment mesurer son impact social ? Ils font le tour du monde pour le savoir

Jeunes passionnés et engagés, Melissa et Gabriel ont décidé de s'attaquer à l'un des challenges majeurs de l'entrepreneuriat social : développer un outil pour mesurer l'impact social et prouver que les entreprises peuvent changer le monde. Retour sur la première étape de leur tour du monde, sur le continent américain.

Nous entendons beaucoup parler d’innovation et d’entrepreneuriat social, mais il manque sérieusement de données et de résultats concrets. Alors pendant un an, nous avons travaillé à l’élaboration d’une méthodologie de mesure de l’impact social facile à utiliser, afin de permettre aux entrepreneurs d’analyser les conséquences de leurs activités et de prouver qu’ils opèrent un réel changement sur la société. En novembre dernier, nous sommes partis le tester à travers le monde, en commençant par l’Amérique latine.

 

L’Amérique latine : autant de modèles que de pays

Notre aventure a commencé en Haïti pour la première d’une série de 10 immersions dans autant d’entreprises sociales, se poursuivant en Colombie, au Pérou et au Brésil. L’entrepreneuriat social n’y est pas aussi développé qu’il peut l’être en Europe ou en Amérique du Nord. Il subsiste une problématique de définition, commune au continent : un entrepreneur social, qu’est-ce vraiment ?

À Medellin en Colombie, les entrepreneurs sociaux ne s’identifient pas comme tels. On préfère ainsi parler de «projets à impact». Un incubateur d’entreprises sociales y fermait récemment ses portes faute de projets économiquement viables. Et pourtant, ces projets existent. Mais l’incubateur n’attirait que des ONG, les entrepreneurs sociaux étant effrayés par l’étiquette sociale.

L’entrepreneuriat social n’est pas non plus réservé à un groupe de hippies utopistes. Au contraire, le secteur est extrêmement varié. En 4 mois, nous avons été confrontés à 3 modèles complètement différents :

  • HELP, une ONG hybride qui aspire à la création d’une classe moyenne en Haïti, et dont certaines de ses activités lui permettent de financer une partie de ses dépenses ;

  • Yaqua, un social business sur le modèle «zéro dividende», qui produit et vend des bouteilles d’eau puis verse ses bénéfices à des infrastructures de traitement d’eau ;

  • CAUSE, une «B corp», entreprise à but lucratif remplissant des critères de performance sociale définis par un label, qui défend des causes sociales au Brésil.

 

Mesurer son impact : pourquoi et comment ?

Les entrepreneurs ne cherchent pas tous à mesurer leur impact pour la même raison. Pour certains, il s’agit d’une question opérationnelle : où concentrer leurs ressources pour avoir plus d’impact ? Pour d’autres, l’intérêt est financier : comment prouver à des investisseurs et donateurs qu’ils sont un bon investissement ? Déterminer cet objectif est primordial et constitue un fil directeur de notre étude.

De plus, la collecte et le traitement des données doivent être à la portée des entrepreneurs. Pour mesurer leur impact, nous nous sommes donc concentrés sur la définition d’indicateurs simples. En Haïti par exemple, l’objectif était montrer que les Haïtiens aidés par l’ONG HELP deviennent effectivement membres de la classe moyenne et acteurs du changement. Nous avons donc choisi de nous référer au salaire moyen, à la qualité de la résidence, à la possession de biens, au nombre d’emplois créés, à la fréquence de volontariat, au montant des donations, etc.

 


Nous aurons le sentiment d’avoir réussi notre mission si, dans un an, ces entreprises sociales continuent à utiliser notre méthode pour assurer le suivi de leur mesure d’impact. D’autant plus que l’entrepreneuriat social en Amérique latine a de beaux jours devant lui. L’engouement que ces projets suscitent est impressionnant. Au Pérou, Yaqua s’entoure d’une véritable
fan base de buveurs d’eau ! Quant au Brésil, alors que l’économie du pays traverse une mauvaise passe, l’entrepreneur que nous y avons rencontré affiche une croissance à 3 chiffres !

Prochaine étape : l’Asie, continent père du social business et qui abrite ses deux stars, Tony Meloto et Muhammad Yunus. La scène y sera certainement bien différente. On vous dit tout dans quelques mois !

 

Melissa Serfaty

Gabriel Gougaud

 

Ayant vécu dans 6 pays à eux deux, Melissa Serfaty et Gabriel Gougaud se rencontrent dès leur entrée à McGill en 2011. Poussés par une fièvre entrepreneuriale, ils créent un an plus tard la première Junior Entreprise d’Amérique du Nord. Fiers de son impact positif sur le corps étudiant au bout de 3 ans, ils fondent la Confédération Canadienne de Junior Conseil (CJCC) afin d’encourager le développement des Junior Entreprises dans le pays. C’est donc naturellement que ces deux Français de presque 22 ans, représentatifs de la génération des milléniaux motivée par le changement, décident de se retrousser les manches à nouveau en lançant Dare2Impact.



Pour suivre le projet Dare2Impact : http://www.dare2impact.com/

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