A compléter

Ce micro-village alimenté aux énergies renouvelables finance la recherche par la fête

Installée à Montreuil jusqu'à fin octobre, la Station E (« E » pour énergie) mise sur les sessions DJ et les ateliers interactifs pour sensibiliser le public aux enjeux climatiques et aux énergies renouvelables.

À l’entrée de la Station E, une grande fresque de street art à l’effigie du lieu représente des panneaux solaires et une éolienne sous un ciel d’été. Un avant-goût de cette friche 100% alimentée en énergies renouvelables et construite à partir de matériaux de récup’ en tous genres. Porté par l’Atelier 21, une association qui développe des projets d’innovation énergétique, ce « micro-village autonome », comme il se décrit sur son site, est une vitrine optimiste et ludique sur l’écologie.



Le point de départ ? Une prise de conscience de la nécessité « d’agir sur le front de nos modes de vie, en valorisant les circuits courts et la frugalité », détaille Cédric Carles, fondateur de l’Atelier 21. Ce designer de formation franco-suisse est aussi passionné d’éco-conception (une approche visant à réduire les impacts environnementaux des produits fabriqués). Avec l’association qu’il a fondée en 2004 à Lausanne, il espère faire évoluer les mentalités de consommation et sensibiliser les visiteurs à des pratiques alternatives plus respectueuses de l’environnement - tout en s’amusant.


Ambiance festive


Une impression chaleureuse se dégage de ce lieu qui a fait de la fête son modèle économique. Un camping car rouge recyclé en bar propose des boissons bio et éthiques tandis que des panneaux solaires font vibrer les basses du SolarSoundSystem, animant des soirées du jeudi au dimanche. Un système audio autonome qu’on peut aussi faire tourner en pédalant et qui s’est déjà invité dans de nombreux festivals :  les Nuits Sonores à Lyon, Say Watt ? à la Gaîté Lyrique, Montreux Jazz Festival… Toujours à partir de l’énergie solaire, l’Atelier 21 a aussi mis au point une webradio musicale baptisée
Radio 3S, qui a des antennes à Paris, Hong Kong, Lausanne, Berlin et Tel-Aviv.

Ce vendredi 13 juillet, avant de profiter d’un « afterwork solaire », les visiteurs ont pu s’initier à la confection de cuisines solaires dans le cadre du Solar Summer Camp. Sous la chaleur de plomb, un clafoutis aux cerises sort tout juste d’un four constitué de miroirs concentrant la lumière du soleil pour produire de la chaleur (jusqu’à 100-150 degrés). Des installations commercialisées par Solar Brother, une entreprise spécialisée dans la cuisson solaire, qui sont faciles à fabriquer chez soi.

 

Mais les panneaux photovoltaïques et la force musculaire ne suffisent pas (encore ?) à faire tourner le bar et les locaux de l’association : celle-ci achète aussi de l’énergie renouvelable à Enercoop.
 

Rétrofuturisme


Faire de la recherche et innover, c’est aussi se replonger dans les pages oubliées de l’Histoire. Sur les murs de la Station E, une frise répertorie des innovations énergétiques méconnues, et fait ressurgir un imaginaire sur l’énergie qui est bien plus ancien qu’on le croit souvent : ainsi en 1898 déjà, la première Porsche était 100% électrique !

Baptisé Paléo-énergétique, ce projet de crowdsourcing (production participative) mené par l’Atelier 21 entend redonner une visibilité à des brevets et des visions d’avenir qui mériteraient d’être poursuivis. « Il y a des choses réactivables, des leçons à tirer pour la branche énergétique », souligne Cédric Carles avant d’évoquer Rétrofutur, un livre à paraître à la rentrée qui rassemble ces trouvailles scientifiques. Celui-ci sera préfacé par Bertrand Piccard, l’initiateur du Solar Impulse, l’avion solaire qui a achevé son tour du monde en 2016.

Parmi ces inventions ressuscitées : la RegenBox, un régénérateur de piles alcalines mis au point dans les années 1980 et désormais utilisé dans les locaux de l’Atelier 21 à la Station E. Son objectif ? Lutter contre l’obsolescence programmée et réduire les déchets électroniques (30 000 tonnes de piles alcalines jetées chaque année en France, dont un tiers seulement qui termine dans la filière recyclage).

D’ailleurs, les visiteurs sont encouragés à amener leurs piles usagées et les tester à l’aide d’un voltmètre, afin de déterminer si elles peuvent être encore utilisées, régénérées ou jetées. Le projet RegenBox inclut aussi des tests destinés à évaluer les performances de divers types de piles pour identifier les meilleures piles régénérables. Et faire avancer la recherche.

 

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