Éloge de l'intermittence

Nouveaux temps, nouveaux pouvoirs

Illustration : Roman Opalka

Depuis ses débuts, la société industrielle a imposé un certain rapport au temps, dominant désormais nos vies. Mais celui-ci est maintenant coincé entre la nécessité d’intégrer le temps intermittent des énergies dites ­renouvelables d’une part, et de gérer les dégâts et résistances créées par le « tout-instantané » de la révolution numérique. Pour Gérard Dubey et Alain Gras, une révolution sociale à bas bruit est peut-être déjà à l’œuvre.

La nouvelle expérience de la « durée électrique » fut d’abord celle, prodigieuse, des communications. Les contemporains de la première phase de l’Anthropocène (1800-1850) vont connaître un changement radical dans ce domaine. Au début du XIXe, les chevaux qui, n’en déplaise aux amateurs de films historiques ou de westerns, n’allaient pas au grand galop, sont le principal mode de transport du courrier. Ainsi Napoléon ne recevait pas les nouvelles concernant les opérations plus rapidement que César durant la guerre des Gaules, et on sait le tour que cela lui joua à ­Waterloo. Or, peu après ce moment fatidique, apparaissent des machines qui vont bouleverser l’imaginaire de l’espace-­temps, relativement stable depuis des milliers d’années : les premiers convois à vapeur. 

Cette nouvelle expérience temporelle du monde créa une obsession, celle de la vitesse. Dans les années 1830, lorsque la locomotive de Stephenson inaugure l’ère du chemin de fer, la découverte de l’électromagnétisme permet de déplacer à distance une aiguille aimantée sur un tableau alphabétique, grâce à un fil où passait un faible courant. Le télégraphe était né, prélude au distanciel et à la communication instantanée. À la fin de la décennie 1840, l’appareil ­Morse, plus rapide d’usage et plus robuste, gagna la partie, tandis que les réseaux ferrés prenaient de l’ampleur. L’information immédiate sur la position des convois transmise par des observateurs, chefs de gare par...

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