Attachées à la terre ?

Indépendance et droits sociaux : les trajectoires sinueuses des agricultrices

Dans les années 1950, le monde agricole opère une violente mutation et la plupart des femmes se trouvent détachées du travail de la terre. Entre celles qui sont parties, celles qui sont restées et celles qui reviennent, différentes trajectoires se dessinent. Depuis quelques années, l’installation en agriculture de femmes aux profils nouveaux pour le milieu ouvre une brèche dans le modèle agricole classique, destructeur des sols et des vivants, et esquisse d’autres manières d’habiter les terres. 

Pourquoi les femmes du monde agricole sont-elles restées si longtemps sans terre, sans profession et sans droits sociaux ? Pour comprendre, il faut remonter aux années 1950, lorsque l’industrialisation galopante a remplacé dans les champs l’humain par la machine et la chimie, et amorcé le déclin du mode de vie paysan. La majorité des femmes quitte alors le monde agricole. Ce détachement est paradoxal : s’il est très certainement une exclusion, puisque les filles d’agriculteurs ne sont pas prioritaires dans les fratries pour reprendre la ferme de leurs parents, cette éviction ouvre aussi une voie d’émancipation dans un monde rural où l’identité professionnelle agricole ne se décline de toute manière pas au féminin. Les familles d’agriculteurs encouragent leurs filles à sortir du milieu en réussissant à l’école, en faisant des études, et en s’engageant – entre autres – dans la fonction publique en plein essor, dont les modalités de recrutement sont plus ouvertes qu’ailleurs aux femmes de milieu populaire.

Article issu de notre hors-série « Ces terres qui se défendent », disponible en kiosque et sur notre...

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NUMÉRO 63 : AVRIL -MAI 2024:
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