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Abandon du glyphosate : des alternatives existent

L'Inra a rendu un rapport le 1er décembre qui détaille les différentes alternatives au glyphosate, cet herbicide controversé. Le Président Emmanuel Macron souhaite l'interdire dans trois ans "au plus tard".

L’Institut national de la recherche agronomique (Inra) a rendu le 1er décembre, sur demande du gouvernement, une étude à propos des alternatives au glyphosate. Le 27 novembre dernier, les États membres de l’Union Européenne votaient l’autorisation d’utilisation de cet herbicide pour cinq années supplémentaires. Emmanuel Macron avait alors annoncé vouloir interdire l’utilisation de ce produit en France dans les trois années à venir “au plus tard”.

Le glyphosate est une molécule que l’on retrouve dans des herbicides dont le Roundup, fabriqué depuis 1974 par la multinationale Monsanto. Elle est tombée dans le domaine public en 2000 et est contenue dans plus de 750 produits à travers le monde. Chaque année en France, 9.110 tonnes de ce produit sont vendues. Il s’agit d’une molécule non sélective, qui détruit tout sur son passage, raison pour laquelle Monsanto vend des produits résistants au glyphosate. Ce produit est surtout utilisé lors de la préparation des terres avant plantation de semmences dans le sol. Plusieurs rapports ont souligné la dangerosité du glyphosate avec des risques de cancers avérés. Mais l’Europe a donc accepté la reconduction de cet herbicide.

Cette étude de l’Inra met en avant plusieurs solutions pour pallier l’abandon du glyphosate. Angle d’attaque privilégié : le travail au sol qui “tient une place prépondérante dans les alternatives” à cette molécule. L’institut a réalisé une analyse des pratiques agricoles auprès des 3.000 fermes du réseau Dephy Ecophyto (agriculteurs qui ont mis en place un système de production économe en pesticides). Le résultat est sans appel: “100% des agriculteurs qui déclarent avoir réussi à abandonner l’usage du glyphosate dans leur ferme citent le travail du sol comme levier majeur.
 

Des techniques qui existent déjà


Ce changement passe par des dispositifs techniques qui existent déjà et dont la plupart relèvent de l’agriculture traditionnelle. L’étude évoque notamment “le désherbage mécanique, en particulier au cours de la période d’interculture pour les cultures annuelles”. Autre solution: “le labour pour assurer la destruction par enfouissement de l’ensemble de la végétation”, dont les mauvaises herbes, “ce qui empêche leur levée au cours de la saison suivante”.

L’Inra propose aussi l’usage de cultures sous “mulchs vivants”. Il s’agit d’une couverture au sol, qui aura pour incidence de le fertiliser. Autre bénéfice, cette technique permet de conserver l’humidité du sol. Enfin, elle protège les terres des aléas naturels tels que  des pluies trop abondantes ou des épisodes venteux.

L’étude recommande également le “gel hivernal des couverts intermédiaires”, ces terres tapissées de végétaux pour éviter que les sols restent nus pendant les périodes de repos. Cela passe par “le choix d’espèces adaptées, ou l’utilisation d’agro-équipements spécifiques permettant le hachage de la végétation”.

Dans le cas où ces techniques ne seraient pas suffisantes pour éliminer l’ensemble des mauvaises herbes, ou “adventices vivaces”, l’Inra préconise le recours à “l’utilisation ciblée d’autres herbicides homologués”. Cependant ceux-ci “peuvent avoir des profils écotoxicologiques plus défavorables que celui du glyphosate”.
 

Coût difficile à chiffrer


Bien évidemment, l’emploi de ces techniques entraîne un coût, difficile à chiffrer exactement. “Il dépend largement des reports sur d’autres techniques, des changements d’assolement si la rentabilité n’est plus au rendez-vous, des coûts de main d’œuvre qui sont variables d’une situation à l’autre”, explique les rapporteurs. Il dépend aussi de la diversité des cultures, plus celle-ci est faible, plus l’impact économique sera élevé; mais aussi de la présence ou non d’élevage ou encore la présence de concurrents sur le marché au sein de l’Union Européenne.

L’Inra avertit que cette “adaptation à un arrêt du glyphosate passe et passera par des changements profonds”. Il précise que “l’efficacité, les débits de chantiers et la maîtrise de technique constitueront les trois points clés de ce succès”. Les chercheurs recommandent notamment la cartographie de “la flore vivace dans les parcelles”, le renforcement de la robotisation ou “l’élargissement d’une gamme d’outils de désherbage mécanique”.

Pour accompagner les agriculteurs dans cette transition, l’Inra recommande la mise en place “d’aides à l’investissement, la mobilisation des MAEC (Mesures Agro-Environnementales et Climatiques), la mobilisation des dynamiques collectives d’agriculture et le conseil et la formation, l’utilisation de la réglementation et notamment des CEPP (Certificats d’Économie de Produits Phytopharmaceutiques) et les organisations de filières”. Le rapport met enfin en avant le rôle des consommateurs: “cette transition vers l’absence de glyphosate sera aussi facilitée par une adaptation de la demande des consommateurs”. Tout le monde peut être acteur de l’abandon du glyphosate.

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