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À l'Arche, on vient faire de l'artisanat après le boulot

Mêler apéro et artisanat, telle est la formule proposée par la start-up Wecandoo et l'organisation Makesense pour promouvoir le savoir-faire manuel en plein coeur de Paris. L'objectif ? Soutenir les artisans locaux et initier les amateurs à leur art. Voire créer des vocations...

Ce soir, c’est atelier béton. Les participantes s’affairent autour d’une longue table. Après avoir enfilé de gants en latex et choisi leur moule, elles malaxent la poudre de béton avec un peu d’eau dans une bassine. Certaines s’impatientent, le mélange ne prend pas. « Il y a assez d’eau mais pas assez de travail », répète l’animateur de l’atelier avec un sourire. Au bout d’une dizaine de minutes, la magie commence à faire son effet et elles peuvent déverser la mixture dans le moule. Le temps de séchage est assez long : les pots, sculptures, coquetiers, porte-savons et bougeoirs ne seront pas prêts avant le lendemain.

Elles sont une vingtaine – l’assemblée est 100% féminine ce soir, un hasard – à participer à l’atelier organisé par la start-up Wecandoo à l’Arche sous le Viaduc des Arts, non loin de la place de la Bastille. L’événement, baptisé « Afty Crafty », mêle l’art du DIY (Do it yourself) à l’afterwork. Une formule originale pour initier le public aux savoir-faire manuels autour d’une bière brassée localement, d’un verre de vin bio et d’un barbecue.

Un moment de convivialité


Bijoux, mozzarella, terrarium, brassage, couronnes de fleurs, maroquinerie… L’éventail des ateliers proposés par la start-up est large. Toujours en quête de nouveaux talents, elle compte déjà 150 artisans dans son réseau et possède aussi une antenne à Lyon et à Bordeaux. Les ateliers ont lieu à l’Arche à l’occasion d’afterworks ou chez les artisans, en groupes réduits et dans un cadre plus intimiste.

« Le but est d’offrir un moment de convivialité, avec des activités accessibles à tous, qu’on peut refaire tout seul à la maison », souligne Edouard Eyglunent, cofondateur de Wecandoo. Aucune compétence n’est requise pour participer aux initiations : seul le goût de la bidouille est le bienvenu. C’est d’ailleurs la motivation principale des participantes de l’atelier béton, dont une partie confie participer régulièrement à des activités de ce genre.

 

Ecosystème solidaire


Située sous le Viaduc des Arts, non loin de la place de la Bastille, l’Arche est née de la collaboration de Wecandoo et de MakeSense, une communauté internationale d’entrepreneurs sociaux, d’associations et de citoyens présente dans une cinquantaine de pays. Dotée d’un espace de coworking (SenseSpace) à deux pas de là et d’un incubateur de start-up, MakeSense a notamment permis de propulser Wecandoo, lancée il y a un an et demi. Une activité qui se fond parfaitement dans l’écosystème du Viaduc des arts, dont les 62 voûtes accueillent une cinquantaine d’artisans ainsi qu’une pépinière destinée à cinq jeunes créateurs.

« L’Arche est un lieu social, dédié à l’économie circulaire et à la consommation responsable », précise Jeremy Rouchon chez MakeSense en désignant la vitrine où sont exposés des produits plusieurs jeunes pousses portées par l’incubateur. À l’étage, un espace de coworking doté d’une dizaine de postes est ouvert aux artisans et entrepreneurs sociaux, afin de favoriser les rencontres. De nombreux entrepreneurs solidaires, comme Jean Bouteille, spécialisé dans la vente de liquide en vrac, espèrent profiter de ce vivier d’innovation sociale pour se faire connaître.

Changer l’image de l’artisanat en France


Aussi nommée « maison de l’artisanat solidaire », l’Arche s’est donné pour mission de promouvoir l’artisanat en France. « L’organisation d’ateliers bénéficie directement à la communauté d’artisans », souligne Edouard Eyglunent. Wecandoo leur permet de se faire connaître par des amateurs de bricolage, de toucher des revenus via les frais d’inscription aux ateliers – entre 40 et 200 euros suivant l’activité choisie – et d’élargir sa clientèle.

« Si les ateliers organisés à l’Arche sont des ateliers d’initiation ouverts au grand public, les cours organisés chez les artisans stimulent les échanges et créent parfois des vocations », poursuit le cofondateur de Wecandoo. Un phénomène qu’il n’hésite pas à lier à la crise de sens que subissent de nombreux actifs insatisfaits de leur métier, qu’ils jugent trop déconnectés de la réalité : « beaucoup de gens en quête de sens se tournent vers le travail manuel. »

Au-delà de la vocation, Wecandoo cherche aussi à modifier l’image de l’artisanat en France, dont les produits sont souvent considérés comme trop chers. « On fait de la pédagogie autour du savoir-faire artisanal : cela permet aussi de justifier le prix ! », explique-t-il. Autre défaut à laquelle la start-up entend remédier : le manque de visibilité des artisans. « L’artisanat dispose de peu de canaux de distribution et il est encore peu digitalisé. » Pour rapprocher les artisans locaux des habitants, elle lancera prochainement sur son site un service de géolocalisation des ateliers de son réseau.

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