Puisqu’il fallait une formule qui claque, quoi de mieux qu’un triptyque qui rime ? Emmanuel Macron aime les belles-lettres, lui qui avait écrit un roman à 19 ans qu’il n’a jamais osé faire lire. Pour la première rentrée de son second quinquennat, le président a pu montrer son art de la structure ternaire : nous vivrions la fin de l’abondance, des évidences et de l’insouciance, a considéré Emmanuel Macron fin août, citant la crise climatique, la guerre en Ukraine, la rareté de l’eau et de ressources « qui semblaient perpétuellement disponibles ».
Article issu de notre numéro « Bienvenue dans l'ère du rationnement », disponible en kiosque, librairie et sur notre boutique.
Ainsi, pour le chef de l’État, « ce que nous sommes en train de vivre est plutôt de l’ordre d’une grande bascule, ou d’un grand bouleversement ». Vraiment ? « L’ère de l’abondance était factice, car elle ne prenait pas en compte les dégâts et les raretés, invisibilisés dans les pays lointains », s’empresse de nuancer Timothée Parrique, auteur de Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance (Seuil, 2022). « Quand on fait de l’économie écologique, on se rend compte que la pénurie a toujours été là », poursuit l’économiste. La pénurie n’est qu’une expression de la contrainte environnementale. Or, cette notion est souvent biaisée dans le langage courant : on la réduit généralement à un manque...