Numéro 43

Numéro 43

Faut-il se sentir coupable ?

Acheter des produits locaux mais prendre l’avion pour ses vacances, manger de la viande mais privilégier le bio... Nous sommes quotidiennement confrontés aux contradictions de nos modes de vie et culpabilisons dès que nos actes contreviennent à nos valeurs. Mais la culpabilité est-elle réellement un moteur de changement ? Est-ce un bon levier à actionner ? Dans ce nouveau numéro, Socialter, explore les ressorts et les effets de ce sentiment sur la société. Car quand le citoyen-coupable en vient à trop culpabiliser ou persiste à vouloir être son propre juge, c’est la paralysie ou l’abandon qui le guettent. Surtout, cette intériorisation ouvre la porte à une forme très puissante de contrôle social : plus besoin d’un état tyrannique, nous sommes nos propres bourreaux.

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Frais de port
France métropolitaine
Offert
Europe + DOM
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Reste du monde + TOM
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6,50

DOSSIER

Culpabilité, le risque de l'overdose

À trop forte dose ou par des messages trop directs, la culpabilité peut vite se révéler contre-productive. Un constat scientifique potentiellement alarmant à l’heure où les messages accusateurs inondent le cerveau du citoyen, noyé dans des communications de prévention incriminant nos faits et gestes.

Comment les industriels exploitent notre mauvaise conscience

Depuis une décennie, les marques sont confrontées à la montée d’une culpabilité croissante des consommateurs à l’égard de leur empreinte environnementale. Cette nouvelle donne oblige le marketing à devancer cet affect pour éviter toute remise en cause fondamentale du consumérisme.

Petit manuel déculpabilisation (à l'usage des coupables)

Manger de la viande, prendre un Uber en rentrant de soirée, acheter des fringues alors que votre penderie en déborde... Comment assume-t-on de se conduire de manière contraire à ce qui nous semble juste ? En se fabriquant, sur mesure, des discours déculpabilisants. Rassurez-vous : c’est assez naturel – et même nécessaire.

Fatiguées de culpabiliser

« Tout le monde peut écologiser son quotidien ! » L’injonction est connue. Véhiculée par les influenceuses bio et focalisée sur les « petits gestes », elle nous rappelle – sur le mode de la culpabilisation – que les solutions pour diminuer notre empreinte carbone sont à portée de main. « Nous » ? Du moins la moitié de la population. Car c’est majoritairement aux femmes qu’incombe le travail dissimulé de verdir le foyer. Ou quand la charge morale s’additionne à la charge mentale.

Les Suédois ont-ils raison d'avoir honte ?

Ces dernières années en Suède ont émergé des mouvements prenant à partie certaines consommations écocidaires, comme voyager en avion ou faire du shopping. Avec des répercussions directes sur les comportements : depuis 2018, le nombre de passagers aériens a en effet baissé et la Fashion Week a été annulée en 2019. Les Suédois, qui ont fait de la honte et de la culpabilisation un puissant régulateur social, sont-ils grâce à elles à la pointe du combat écologique ? Ou ont-ils de vraies raisons de s’en vouloir ?

CSP+ cherchent supplément d'âme

C’est une réalité observable depuis plusieurs années : les classes surdiplômées investissent désormais massivement le bénévolat sous toutes ses formes. Faut-il y voir la réactualisation d’une certaine culpabilité de classe ? Et de quelle manière ces nouvelles élites redessinent-elles les frontières de l’engagement caritatif ? Décryptage.

« Arrêtons de culpabiliser les pauvres »

Achats irrationnels, incapacité à se sortir de leur condition... La culpabilisation des pauvres fait régulièrement irruption dans l’actualité. Pour le sociologue Denis Colombi, auteur de Où va l’argent des pauvres. Fantasmes politiques, réalités sociologiques (Payot, 2020), notre représentation de la pauvreté et nos politiques sociales se basent sur l’idée que les plus démunis méritent de l’être.

L'ENTRETIEN FLEUVE

Joëlle Zask : « Penser la ville comme un écosystème »

Alors qu’elles symbolisaient l’antinature par excellence, les grandes métropoles ont paru, lors du premier confinement, se repeupler d’animaux sauvages profitant du vide que nous leur avions laissé. Une vision enchanteresse qui flirte avec l’illusion : nombre d’espèces n’ont jamais quitté les villes et continuent d’y vivre, de s’y adapter, voire de prospérer dans ses interstices et l’angle mort de nos perceptions. Dans Zoocities (Premier Parallèle, 2020), la philosophe Joëlle Zask revient sur ce surgissement inattendu et ses conséquences, tout en méditant sur le rôle que pourrait jouer l’espace urbain dans le renouement avec le vivant, loin des fantasmes de la wilderness ou des excès de l’animalisme.

AVANT-GARDE

Martine et Claude face aux géants

Rien ne prédestinait Martine Donnette et Claude Diot à s’attaquer au rouleau compresseur de la grande distribution. Devenus experts en droit de l’urbanisme commercial pour contester leur faillite et leur expulsion de la galerie marchande de Carrefour Vitrolles, ils n’ont cessé de dénoncer l’impunité des grandes surfaces. Une poignée d’hypermarchés ont fait les frais de leur guérilla juridique. Trop peu pour enrayer leur développement mortifère pour les centres-villes et les espaces naturels.

Irénée Regnauld : « Il faut repolitiser les questions technologiques »

Qu’ont en commun la reconnaissance faciale, l’automatisation des caisses de supermarché, la voiture autonome, la 5G et la smart city ? Toutes ces technologies sont porteuses de projets de société éminemment contestables. Présentées comme naturelles et inévitables par des industriels et des décideurs, elles ne font presque jamais l’objet de débat démocratique. Rencontre avec l’essayiste Irénée Régnauld, coauteur avec Yaël Benayoun de Technologies partout, démocratie nulle part (Fyp éditions, 2020).

Ce que veulent les fleuves

Et si, face aux menaces qui pèsent sur l’écosystème de la Loire, le plus long fleuve de France avait la possibilité de s’exprimer en son nom propre ? Depuis fin 2019, un groupe d’universitaires et d’artistes tente d’imaginer à quoi pourrait ressembler un « parlement de Loire », où les différentes entités qui le composent et l’habitent seraient représentées.

Argentine : face aux crises, l'autogestion

Industrie, gastronomie, hôtellerie, recyclage des déchets, services d’aide à la personne... l’économie argentine est aujourd’hui gagnée par le phénomène du coopérativisme, modèle d’association solidaire qui permet aux employés de se réapproprier leurs outils et leur lieu de travail, mais aussi de pallier les carences de l’État en temps de crise.

MACROSCOPE

Les métropoles accros à la spéculation immobilière

Grâce aux « droits de mutation », impôt qui prélève un pourcentage sur les transactions immobilières, les grandes métropoles peuvent financer leurs politiques sociales d’accès au logement. Mais elles sont aussi dépendantes du niveau de spéculation du marché. Un cercle vicieux aux effets dévastateurs.

Microbiotes humains, une biodiversité en péril

Bactéries, virus, champignons, parasites... Chacun d’entre nous héberge pléthore d’organismes microscopiques. Ils constituent une biodiversité riche, malheureusement malmenée par nos modes de vie occidentaux. Avec des conséquences de plus en plus manifestes sur notre santé. Quelles leçons faut-il alors tirer de leur déclin pour préserver notre équilibre symbiotique ?

Sébastien Bohler : « La société moderne prive notre cerveau de son besoin de sens »

Notre cerveau tente d’ordonner le monde par des prédictions qui nous procurent de l’apaisement. Dans Où est le sens ? (Robert Laffont, 2020), Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine Cerveau & Psycho, étudie le rôle déterminant du cortex cingulaire et la façon dont, quoique chamboulé par la société contemporaine qui lui inflige de l’incertitude à haute dose, il pourrait être un atout pour affronter la crise existentielle provoquée par la destruction de l’environnement.

L'ART ET LA MATIÈRE

Souple comme du bois

À 34 ans, l’ébéniste et artisan d’art Steven Leprizé travaille le bois comme une matière malléable, élastique... et gonflable. Rencontre dans l’atelier d’un passionné au caractère fort et au savoir-faire singulier.

Bâtir sur les friches

Et si les enjeux économiques rejoignaient parfois les impératifs écologiques ? L’Agence de la transition écologique (Ademe) vient de lancer un outil en open source à destination des décideurs publics, pour aider à chiffrer la reconversion de friches. L’objectif : démontrer par A + B que construire la ville sur la ville est une solution d’avenir.

Le « cloud gaming » ne fait pas le jeu ...

Encore balbutiant, le jeu vidéo en streaming est un secteur en plein développement. Bien que permettant de jouer aux « blockbusters » sans console ni PC, il pourrait faire sensiblement croître l’impact environnemental global de ce secteur.