Numéro 38

Numéro 38

Les ennemis de l'écologie

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L'ENTRETIEN FLEUVE

Dépolitiser pour mieux régner

Comment gouverner des individus qui placent leurs droits et libertés au-dessus de tout ? Dépolitisation, actions sur notre environnement quotidien, construction de modèles et injonctions à les épouser, détournement de la critique, prévention de la contestation… Pour perdurer, le pouvoir au sein des sociétés libérales a dû innover, s’adapter, muter
en permanence. Diana Filippova, auteure et chef d’entreprise, revient dans Technopouvoir. Dépolitiser pour mieux régner (Les liens qui libèrent, 2019) sur les stratégies qui permettent au pouvoir et à ceux qui y ont accès – plus que jamais à l’heure du numérique – de « conduire les conduites ».

DOSSIER

Manuel de décryptage du discours anti-écolo

Il n’est plus possible de nier, sans se discréditer, que la planète va mal. Mais ce n’est pas parce que personne ne conteste le sujet environnemental que l’écologie n’a plus de détracteurs. Bien au contraire : ils sont plusieurs, dans le débat public, à multiplier les assauts contre elle. Malgré l’éparpillement apparent, leurs arguments s’inscrivent dans un archipel d’idées cohérent. Petit guide pour décoder leur discours médiatique.

40 ans de discours climato-sceptique

Au sein de la communauté scientifique, l’existence d’un réchauffement climatique causé par l’homme ne prête plus à débat depuis longtemps. Pourtant, quelques climato-sceptiques continuent à entretenir l’incertitude auprès des profanes. Au débat entre pairs, principe fondamental de la recherche, ces marchands de doute préfèrent les plateaux de télévision et la publication de livres grand public, formulant un discours qui a connu plusieurs métamorphoses et déclinaisons. Chronologie.

«Les énergies fossiles sont liées à des projets de domination politique»

Des États-Unis au Brésil, une génération de dirigeants ouvertement climatosceptiques ou hostiles à tout effort multilatéral en vue de la préservation des équilibres écosystémiques a accédé au pouvoir ces dernières années. Pour comprendre les motivations de ces nouveaux ennemis de l’écologie et les racines historiques de leur brutalité envers la nature, nous nous sommes entretenus avec Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences au CNRS et co-auteur de L’Événement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous (Seuil, 2013), où il appelle à voir dans la crise climatique une « histoire politique du CO2 » faite de guerres et de conservatisme social.

Les écolos sont-ils leurs propres ennemis ?

L’écologie « radicale » et l’écologie « institutionnelle » semblent a priori irréconciliables, chaque camp
accusant l’autre d’être un traître à la cause. Une querelle qui s’est cristallisée avec la Convention citoyenne pour le climat mise en place par Emmanuel Macron.

Peut-on punir les écocidaires ?

Face aux innombrables destructions environnementales causées par des multinationales ou des gouvernements inconséquents, le droit pourrait-il fournir une réponse ? Certains juristes réfléchissent à définir juridiquement le crime d’« écocide » et à munir la justice internationale d’un véritable arsenal pénal en matière d’écologie.

Réparer la planète... pour mieux la détruire ?

Injecter du carbone au fond de l’océan, pulvériser du soufre dans l’atmosphère… La géo-ingénierie se donne pour mission de réparer le climat grâce à la technologie. Ce courant qui passait au début pour fantaisiste s’invite dans le débat à mesure que l’urgence croît et que les sommets internationaux échouent. Au point que, désormais, la géo-ingénierie apparaît à de plus en plus de décideurs comme un séduisant « plan B » pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

L'Arctique, un nouveau Moyen-Orient ?

Les territoires arctiques, situés au nord du cercle polaire, regorgent de ressources minières et fossiles. Devenues plus accessibles grâce à la fonte des glaces, elles attisent évidemment les convoitises. Une illustration des « opportunités » qu'offre le réchauffement climatique. Mikaa Mered, professeur de géopolitique des Pôles à l’Institut libre d’étude des relations internationales (ILERI) et auteur de l’ouvrage Les Mondes polaires (PUF, 2019), analyse les forces en présence pour Socialter.

AVANT-GARDE

Ensauvager et désobéir

Plusieurs initiatives en France visent à rétablir la vie sauvage dans ses droits en rachetant collectivement des espaces voués à être protégés. Avec des approches diverses quant au rôle que pourra y jouer l’être humain.

Vous les avez en vert ?

En quinze ans, Veja s’est imposé comme une référence de la mode éthique : ses baskets contiennent des matières naturelles produites selon les règles du commerce équitable. Appréciées pour leur style et leurs valeurs, ces chaussures contrastent avec les pratiques d’un secteur au bilan social et écologique désastreux, malgré les limites de leur modèle.

«La réponse sera collective ou ne sera pas»

Répondre de manière plus efficace aux enjeux sociaux et sanitaires de notre époque, c’est l’objectif du collectif Adhoc. Réunissant une dizaine d’acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS), il veut repenser la manière d’accompagner les plus fragiles, pour plus d’efficacité. Entretien avec Fabien Gandossi, son Délégué général.

S'adapter pour mieux prospérer

Le changement climatique oblige de nombreuses communautés rurales à revoir leur mode de vie. Pour intégrer divers aspects de la modernité sans toutefois renier leurs traditions, certaines d’entre elles adoptent alors des mécanismes d’adaptation basée sur les écosystèmes (AbE). Une alternative à la vision développementaliste classique. Illustration dans la réserve de Nor Yauyos Cochas, au Pérou.

MACROSCOPE

Haro sur les écrans

Deux parutions récentes, l’une d’un grand neurologue allemand, l’autre d’un docteur en neurosciences français, nous renseignent sur les effets du numérique sur le développement sanitaire, cognitif et moteur de nos enfants. Et selon eux, il y aurait urgence à réagir face aux « ravages » causés par les écrans.

Le bureau a encore de beaux jours devant lui

Lorsque notre bureau peut être partout grâce au numérique, en avoir un fixe a-t-il encore un sens ? Après le « flex office », le télétravail à temps plein apparaît comme le nouvel horizon désirable de la « classe créative ». Mais jusqu’à quel point ?

La vie et la mort, des «problèmes techniques» ?

Et si, grâce au développement de la génétique, l’on pouvait prévoir au jour près l’heure de sa mort, en repousser l’échéance, prévenir et guérir des maladies, définir le partenaire idéal pour faire des enfants ? Les biotechnologies nous libéreront-elles de notre finitude ou bien nous assujettiront-elles davantage aux médecins, aux machines, aux gouvernements ?

«Nous sommes des soumis numériques»

Nos existences, la vie et la mort, sont de plus en plus soumis à la technique. Les algorithmes nous promettent même une existence encadrée de la naissance au trépas, sans hasard aucun. Jusqu'où se déploiera cette idéologie du contrôle et de l'anticipation, dont certaines pulsions sont totalitaires ? Comment faire front ? Réponse avec Emmanuel Hirsch, professeur d'éthique médicale et président de l'Espace éthique Île-de-France

L'ART ET LA MATIÈRE

Undergraphie

Du papier, du tissu, de l’encre… et une baignoire. C’est le b.a.-ba de la sérigraphie, une technique d’impression millénaire réinventée par la scène graphique underground. Rencontre avec Quentin Pillot et Rebecca Rosen, artistes, auteurs et artisans débridés, dans leur atelier DIY.

Archéologie du futur

Cyborgs, robots et pierres tombales. À Paris, pour la Biennale des arts numériques Némo, l’exposition « Jusqu’ici tout va bien ? » plonge le visiteur dans une ère post-humaine. Une vision post-apocalyptique du futur pour mieux interroger le présent : quels vestiges laisserons-nous ?

Une ville est un bidonville qui a réussi

La boue, les pelleteuses, les baraques en feu. Quelles images retiendra-t-on de la « jungle » de Calais, dont la destruction fut si médiatisée ? À Pontault-Combault (Seine-et-Marne), une exposition présente le regard de 8 photographes qui ont travaillé sur le bidonville entre 2015 et 2016. Loin de tout sensationnalisme, ils donnent à voir des signes de solidarité et d’inventivité. Au risque d’un certain angélisme ?