Tout est affaire de choix. Cultive-t-on la terre pour nourrir les hommes, les animaux ou bien pour fabriquer des biocarburants ? Les trois à fois, sans doute. Mais les ressources de la planète en pâtissent. Depuis le 20 août dernier, nous sommes en effet entrés en période de « dette écologique » : cette année, « en huit mois, l’humanité a consommé la totalité du budget écologique annuel de la Terre », explique l’ONG Global Footprint Network. Compte tenu du rythme de l’activité humaine, les ressources naturelles n’ont plus le temps de se régénérer.
Repenser l’usage de nos calories
Dans leur récente étude « Redefining agricultural yields : from tonnes to people nourished per hectare », la chercheuse Emily S. Cassidy et ses collègues de l’Institut de l’Environnement de l’Université du Minnesota établissent le constat suivant : nul besoin de cultiver deux fois plus de terres pour nourrir la planète. Car « actuellement, 36 % des calories produites par les récoltes mondiales servent à nourrir des animaux et seuls 12 % de ces calories contribuent in fine à notre alimentation, à travers de la viande ou des produits d’origine animale », précisent les chercheurs. La part de calories consommables destinée à la production de biocarburants a quant à elle quadruplé entre 2000 et 2010.
Ils estiment que si nos récoltes étaient uniquement destinées à l’alimentation humaine directe, la part de calories consommables disponible pourrait augmenter de 70 %, ce qui permettrait de nourrir 4 milliards de personnes en plus (à raison de 2 700 calories quotidiennes par personne). Soit davantage que les deux à trois milliards d’êtres humains supplémentaires qui peupleront la planète d’ici 2050, selon les projections des Nations Unies.
Une meilleure sécurité alimentaire
Aux États-Unis, 67% des calories produites servent à l’alimentation animale. Chaque calorie de viande absorbée par l’homme nécessite en effet 30 calories pour nourrir l’animal. Si l’étude d’Emily S. Cassidy et de ses collègues pointe cette “perte sèche” de calories pour l’homme et souligne les inconvénients de l’élevage, elle ne prône pas pour autant le végétarisme. Selon les chercheurs, lutter contre le gaspillage, modifier nos habitudes alimentaires (en privilégiant le porc ou le poulet plutôt que le bœuf, par exemple) et réduire la part de récoltes destinées à la production de biocarburants et à l’alimentation animale augmenterait la quantité de nourriture disponible pour tous. Un pas important vers une meilleure sécurité alimentaire.
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