Le soleil se lève sur le lac Victoria. Des hippopotames grommellent et barbotent sous un lit de jacinthes et de papyrus après le passage d’un vieux pêcheur. Debout, celui-ci pagaie difficilement jusqu’au rivage après être allé relever ses filets un peu plus tôt. Des femmes l’attendent, de l’eau jusqu’à la taille, pour l’aider à décharger son stock de poissons. L’homme les remercie d’un geste de la main, comme dépité. Dans son embarcation de fortune, seulement un poisson gît à la proue.
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Depuis le bord, Musa Mbuya observe la scène, casquette sur la tête. « Comment faire vivre une famille avec ce seul poisson ? Le lac ne rapporte plus rien de nos jours », déplore l’homme de 49 ans. Un peu plus loin, aux abords du lac, sa vieille mère malade, Fatuma, attend dans une petite maison abritée par un immense baobab. Un silence pèse dans le salon congestionné par des fauteuils et une table basse couverte d’une nappe blanche brodée.
Le départ de ses filles, Faouzia et Warda, a laissé un vide. Deux ans déjà que les jumelles ont émigré en Arabie saoudite pour y travailler comme domestiques. La seconde a pris la fuite de la maison où elle officiait, après de sévères violences...